Monographie de référence, avec des introductions de Herbert Read et Leslie Martin, six textes de Naum Gabo, un entretien, de nombreux documents sur l'histoire du
constructivisme dont le Manifeste réaliste de 1920 en français et son fac-similé (page dépliante), des reproductions stéréoscopiques, avec une paire de lunettes spéciales incluse dans le livre.
Cet ouvrage est le premier à embrasser tous les aspects de l'œuvre de Gabo. Il comprend les textes déjà publiés par Gabo, ainsi que des articles encore inédits et des documents relatifs aux premières années de l'histoire du constructivisme. Il contient une reproduction du texte original russe (et sa traduction en langue française) du Manifeste réaliste publié à Moscou en 1920, dabns lequel furent proclamés les grands principes du constructivisme. Présentées par ordre chronologique, les reproductions comprennent des projets pour une station de radio et des monuments destinés à des bâtiments publics soviétiques, des décors pour un ballet de Diaghileff, le projet pour le Monument au Prisonnier politique inconnu et la gigantesque construction de Bijenkorf, érigée à Rotterdam.
Un sujet aussi original exigeait de l'imagination en matière d'édition. En plus d'une centaine de planches ordinaires(dont seize en couleurs), cet ouvrage comporte dix reproductions stéréoscopiques en couleurs. Une paire de lunettes spéciales, incluse dans la couverture, permet au lecteur d'apprécier pleinement le relief de ces reproductions.
Naum Gabo (Naum Neemia Pevsner, 1890-1977) est un
architecte,
sculpteur et
peintre russe, figure importante du
constructivisme, pionnnier de l'
art cinétique. Il était le frère d'
Antoine Pevsner (Nathan Pevzner).
Originaire de la région de Moguiliov (aujourd'hui en Biélorussie), Naum Gabo fit ses études à Munich à partir de 1910 (médecine, sciences naturelles, technique et histoire de l'art auprès de Heinrich Wölfflin). Dans les années qui suivirent, ses séjours à Paris, en Italie, à Copenhague et Oslo marquèrent ses débuts dans la sculpture et le graphisme. De retour en Russie en 1917, Gabo participa de façon informelle aux travaux du Département des arts plastiques (IZO), se rapprocha de Lissitzky, Rodtchenko, Sterenberg et donna des cours aux étudiants des Svomas et Vkhoutemas qui suivaient l'enseignement de son frère. À partir de 1918, il se détourna de la figuration, passa à des reliefs abstraits, à des constructions cinétiques, et élabora sa méthode « stéréométrique ». Le
Manifeste réaliste, cosigné avec son frère en 1920, qui accompagnait une exposition de leurs travaux, fut placardé dans les rues de Moscou. Posant des jalons théoriques, il proposait une définition du constructivisme très différente de la pensée qu'allaient développer les constructivistes de l'Inkhouk, sans parler des productivistes : pour Gabo et Pevzner, il n'était pas question de sortir du champ de la recherche esthétique. Gabo quitta l'URSS en 1922 pour participer à l'exposition d'art russe à Berlin et y demeura, se rapprochant de
Hans Richter et Kurt Schwitters. Les deux frères exposèrent à Paris en 1924, se définissant comme « constructivistes russes », puis à New York en 1926. À la fin des années 1920, il enseigna au
Bauhaus. Gabo s'intéressa aux formes organiques, introduisit des éléments lumineux dans ses sculptures, travailla avec son frère pour Diaghilev sur le ballet de Balanchine
La Chatte (1927), mobilisant le terme de constructivisme pour s'opposer au
surréalisme dans le champ de l'art abstrait. Après quelques années à Paris, il s'établit en Angleterre, où il poursuivit ses recherches autour de l'idée d'« art constructif ». En 1937, il publia dans l'ouvrage
The Circle. International Survey of Constructivist Art, un essai intitulé « The Constructive Idea in Art ». Ses œuvres stéréoscopiques faisaient usage de matériaux synthétiques (plexiglass, nylon...). Artiste de renommée internationale, il s'installa aux États- Unis après la guerre, où il exposa avec son frère au MoMa en 1948. Il se tourna dans cette partie de sa carrière vers des formes monumentales, tout en revenant au graphisme.