Première monographie : un hommage à Gianni Piacentino, artiste autodidacte
parmi les plus singuliers de la seconde moitié du XXe
siècle, protagoniste de la première période de l'
Arte
Povera, précurseur du
minimalisme en Italie (parallèlement, designer de motos de compétition et
pilote), auteur d'une œuvre inclassable dont le
vocabulaire original explore les limites et la complexité des
rapports entre art et design industriel (avec des contributions de
Andrea
Bellini, Dan Cameron, Christophe Kihm, Marc-Oliver Wahler, Laura
Cherubini et une interview de l'artiste par
Hans
Ulrich Obrist).
Publié à l'occasion de l'exposition « Gianni Piacentino – Une rétrospective » au Centre d'Art Contemporain, Genève, de juin à août 2013.
Né à Coazze (Turin) en 1945, Gianni Piacentino vit et
travaille à Turin. L'artiste s'est formé dans la Turin du
milieu des années 1960, à l'époque où
émergeait l'
Arte Povera.
Il a alors participé aux premières expositions du mouvement,
celle de 1966 à la galerie turinoise d'Enzo Sperone et surtout
« Arte Povera più Azioni Povere » dans les
anciens arsenaux d'Amalfi en 1968, puis à l'exposition
« Prospect '68 » à la Kunsthalle de
Düsseldorf. Entre 1965 et 1968, il ouvre la voie du
minimalisme en
Italie
– en même temps et indépendamment, non à la
suite, du minimalisme américain de Judd, Lewitt,
Morris
ou
McCracken. Son parcours artistique est aussi marqué par des
expériences professionnelles inhabituelles pour un artiste :
consultant pour une fabrique de vernis spéciaux, designer de motos
de compétition et pilote.
Piacentino s'impose aujourd'hui comme une figure d'actualité
grâce à un imaginaire individuel et visionnaire, dont l'art
réside dans le faire. Sa couleur est matérielle, physique,
ce sont des vernis qu'il sélectionne, teste et teste encore
jusqu'à trouver la teinte exacte pour l'effet optique (et tactile)
voulu, ces sont des vernis qu'il superpose. Au-delà du plaisir des
matériaux, Piacentino est animé par l'amour des objets. Les
symboles géométriques de ses premiers travaux sont
remplacés par les objets du quotidien, et à la fin des
années 1960, ses sculptures minimalistes célèbrent de
plus en plus le dynamisme des machines, le mythe de la vitesse, des
moteurs et du mouvement: « véhicules » et
« ailes » témoignent de sa passion pour
« L'esthétique de la technique » qui
deviendra sa marque de fabrique. Piacentino est un artiste et un
constructeur : ses travaux sont à la fois des objets, voire des
prototypes, et des représentations métaphorique de l'objet
devenu symbole.
Ses travaux ont été exposés dans de
nombreux musées en Europe, comme le Reina Sofia à
Madrid, la Nationalgalerie de Berlin, la Galleria d'Arte Moderna de
Bologne ou le Palazzo delle Esposizioni à Rome, la Gesellschaft
für Aktuelle Kunst Bremen et le Museum am Ostwall de Dortmund. L'artiste
a également exposé à New York et à Los
Angeles. Piacentino a par ailleurs participé à la 45e
Biennale de Venise (1993), à la Quadriennale de Rome (1973, 2005)
et à la Documenta VI à Kassel (1977).