L'ouvrage dans lequel Ruskin explore les rapports entre la création artistique et la production industrielle, entre l'artiste et son matériau, et démontre le lien indissociable entre la formation des artisans, l'éducation esthétique du grand public et les chefs-d'œuvre de l'art européen (première traduction française).
« Vous pouvez être aussi assoiffé de gloire qu'un criquet de crème ; mais si, entre plaire à la foule,
ou adopter la solution que vous savez être la bonne, si les deux sont incompatibles et que vous choisissez
de plaire à la foule – c'en est fait de vous ; votre cas est désespéré ; ce que vous ferez ne vaudra
pas un regard. Le test est infaillible, inévitable : l'art occupe-t-il la première place pour vous ?
Si oui, vous êtes des artistes ; vous pouvez, lorsque vous serez riches, devenir des grippe-sous et des
usuriers ; vous pouvez, une fois célèbres, être jaloux, orgueilleux, vils, abjects : mais, tant que vous
ne gâtez pas votre œuvre, vous êtes des artistes. Inversement : l'argent, ou la gloire, viennent-ils en
premier pour vous ? Dès lors, vous aurez beau distribuer vos richesses avec générosité, porter avec
grâce votre célébrité, vous montrer courtois envers les moins fortunés, et vous rendre agréables aux
privilégiés, vous ne serez pas des artistes. Vous serez des automates et des tâcherons. »
John Ruskin (Londres, 1819 – Coniston, 1900), écrivain, historien et critique d'art, réformateur
social, est l'auteur d'une œuvre immense, peu connue du public français. Fervent défenseur de
Turner, inspirateur des préraphaélites, arpenteur passionné de Venise, partisan infatigable de la
justice sociale, il a profondément et durablement influencé des écrivains, des architectes, des mouvements
artistiques et des hommes politiques aussi divers que Tolstoï, Gandhi, William Morris, le
Bauhaus, Gaudi, Proust et Frank Lloyd Wright.