Un retour sur les dimensions poétique, politique et anthropologique de la performance collective initiée par l'artiste Giorgio Andreotta Calò autour d'une usine minière en Sardaigne.
Dans la nuit du 4 décembre 2014, au cœur de la région de Sulcis Iglesiente en Sardaigne, s'est déroulée une action de l'artiste Giorgio Andreotta Calò, impliquant une dizaine de mineurs locaux qui ont suivi un parcours rituel du crépuscule jusqu'à l'aube. Partis des entrailles de l'usine minière de Nuraxi Figus, les mineurs se sont dirigés vers Punta Trettu, où les attendait un groupe de pêcheurs qui devaient les transporter jusqu'à l'île de Sant'Antioco. À leur arrivée, un bateau a été la proie des flammes. La communauté s'est rassemblée autour des flammes vacillantes pour assister à la métamorphose du bateau en cendres et en charbon. C'est la nuit de Santa Barbara, la patronne des mineurs, et la région du Sulcis est à l'aube d'un tournant historique : après plus d'un siècle de production, la fermeture des mines a été annoncée. À mi-chemin entre la manifestation politique et le rituel païen, in girum imus nocte était plus qu'un simple rituel collectif. Et ce livre, dix ans après l'action, réfléchit à ses dimensions poétique, politique et anthropologique, traçant un chemin circulaire qui s'oppose à la perspective d'une fin définitive.
Le travail performatif et éphémère de Giorgio Andreotta Calò (né en 1979 à Venise, vit et travaille entre l'Italie et Amsterdam) repose à l'intersection de l'art et de l'architecture. Il intervient sur les bâtiments et le paysage, s'appropriant et transformant l'architecture et l'espace en expériences symboliques et esthétiques.
La marche, comprise comme un geste à la fois réel et symbolique, politique et esthétique, est un élément fondamental de la pratique de l'artiste, faisant œuvre d'art en soi.
Calò a ainsi effectué une série de marches qui l'ont conduit sur plus de 2 500 kilomètres à travers la France, l'Espagne et le Portugal, ou bien sur une ligne de train côtière de 98 kilomètres de long au Liban.
Calò a participé à la Biennale de Venise 2011 et est le récipiendaire du Prix Jeune Artiste 2012 décerné par le Musée MAXXI.