Un essai à la fois très personnel et constituant une introduction claire à la pensée de Gilles Deleuze à travers son rapport au cinéma, pensé comme champ d'expérimentation (existentielle, conceptuelle et esthétique) pour résister à la mort, au désastre et à la sidération produite par le « fait moderne ».
Pour Deleuze, le cinéma, après la Seconde Guerre mondiale, a dû revenir d'entre les morts – revenir de la catastrophe, revenir de la compromission du cinéma classique avec les outils de soumission des masses. Mais revenir des morts est aussi un geste à sans cesse reprendre dans la création artistique ou conceptuelle afin de lutter contre toutes les formes de contrôle et de normalisation : mort du regard, mort de l'affect, mort du désir, mort de la révolte, mort devant la pensée-pour-le-marché.
En se plongeant dans Cinéma 2. L'image-temps ainsi que dans des films de Capra, Truffaut et Resnais et dans les séries The Leftovers et Station Eleven, cet ouvrage cherche à cartographier quelques gestes de retour d'entre les morts. Comment empêcher nos vies d'être vampirisées par la catastrophe, par le désir d'apocalypse, par les circuits de la barbarie et les clichés du cerveau-monde ? Comment faire des morts que nous traversons et qui nous hantent non des dispositifs qui nous transforment en zombies, mais des forces d'affirmation pour la vie ? Une certaine politique des affects s'ébauche dans les œuvres qui portent ces questions, à même les récits et les images.
Docteure en philosophie de l'Université Libre de Bruxelles, Aline Wiame est enseignante-chercheuse en arts et philosophie à l'Université Toulouse – Jean Jaurès et membre de l'Institut Universitaire de France. À la croisée de la philosophie contemporaine et des humanités écologiques, ses recherches visent à élaborer une esthétique de résistance à la sidération.