Première monographie dédiée aux œuvres céramiques d'Anaïs Lelièvre.
L'œuvre d'Anaïs Lelièvre est empreinte de lignes et de matières qui sont autant de strates des terrains qu'elle arpente, qu'elle habite en nomade et qu'elle met à l'étude de sa palette d'artiste. Géologie, archéologie, écriture, histoire urbaine et formes architecturales infiltrent son travail et le structurent. En seulement quelques années depuis 2016, l'artiste a réalisé un important nombre d'œuvres céramiques, en parallèle de ses installations souvent monumentales de dessins imprimés, conçues aussi bien pour des lieux d'exposition que pour des espaces extérieurs. Avec la céramique, dont la pratique constitue déjà un pan spécifique dans son œuvre, Anaïs Lelièvre se rapproche d'une matière qui incarne ses domaines d'exploration. La terre modelée, gravée, compressée ou liquéfiée met au travail à la fois une relation aux mouvements incontrôlés du sol, volcanique ou sismique, et une recherche d'écriture, de transcription distanciée.
Cet ouvrage propose une coupe franche dans ces séquences d'œuvres céramiques à l'occasion du parcours d'expositions de ses œuvres dont la première étape est organisée au musée de céramique de Lezoux d'octobre à décembre 2024.
Stéphanie Le Follic-Hadida est historienne, critique, commissaire d'exposition, vice-présidente de l'Académie internationale de la Céramique.
Marc Pottier est commissaire d'exposition au Brésil.
Elora Weill-Engerer est historienne de l'art, critique et commissaire d'exposition.
Jean-Charles Hameau est conservateur en chef du patrimoine, musée national Adrien Dubouché, Limoges.
Anaïs Lelièvre (née en 1982) est diplômée d'un DNSEP à l'Ecole d'Art de Rouen et d'un doctorat à l'université Paris 1.
A partir d'expériences de territoires, ses dessins restituent des dynamiques transversales, oscillant de la céramique à l'installation, entre concentration minutieuse et déploiement monumental, inscriptions contextuelles et fluctuations nomades. A l'image du lieu exploré, un fragment de matière, minéral ou végétal, poreux ou stratifié, en croissance ou effrité, donne lieu à un dessin de petit format. Par multiplication numérique et agrandissements successifs, ce dessin-matrice est lui-même mis en croissance jusqu'à sa décomposition pour générer d'autres dessins à l'échelle d'un environnement immersif. Tout en renversant les repères orthonormés du lieu existant, ces installations en transcrivent les processus et tensions, organique ou architectural, entre germination, effondrement et construction.
Le processus excède souvent la production d'une seule installation et trouve sa suite dans plusieurs espaces, où le même dessin évolue, se stratifie des résidences récemment vécues, et se reconfigure selon le nouveau site. Tout en développant une approche contextuelle très ancrée, des lignes traversent les différentes résidences, et avancent – en jouant d'aller-retour – par l'attention aux spécificités de chaque lieu. Ainsi l'ailleurs se poursuit ici puis en pointillé encore ailleurs, et découvre des résonances d'un espace à l'autre.
Selon une approche spatiale du dessin, son travail se développe en résidence depuis fin 2015, en France et à l'étranger (Islande, Brésil, Suisse, Grèce, Canada, Portugal…).