Ce dernier livre en date – d'une suite de dix volumes commencée avec Léman en 1990 – reprend et redistribue les éléments d'une enquête dont le matériau principal est autobiographique. L'auteur restitue un imaginaire « d'enfance » qu'il écrit pour tenter poétiquement de le comprendre, et ne pas cesser de « devenir ».
Je recopie plusieurs fois mon enfance dont je ne sais rien. J'écris ces lignes au plus obscur de la forêt. J'y reviens. J'y reste. J'y deviens. J'attends la suite au pied de l'arbre.J'ai parcouru sans les voir les cinq cents mètres qui s'écoulent entre les rochers et les boutiques de tissus ou de fruits. Elle s'écoule en pente douce vers ce présent de rien qui ne se résume pas. J'ai laissé l'église à gauche, et le cinéma, je m'avance vers ce présent où j'écris, au pied de l'arbre où je deviens. Tout continue de tourner et d'attendre. Le brouillard s'étend sur les taillis de ronces, sur la rivière, le lavoir et le Bois du Chat, tandis que les barricades trancheront les veines et les impasses, sous un grand ciel de lumière.
Écrivain, critique, enseignant, Jean-Marie Gleize (né en 1946 à Paris) joue depuis le début des années 1990 un rôle de premier plan dans le champ poétique français. Fondateur de la revue
Acid(e) avec Michel Crozatier puis, en 1990, de la revue
Nioques, de la « cellule Max Stirner » avec le poète Michel Crozatier dans les années 1980, de la collection « Niok » aux éditions
Al Dante jusqu'en 2005, il a publié de nombreux ouvrages, notamment aux éditions du Seuil, orientés par le dialogue avec les artistes, par la recherche d'une « prose en proses », par l'invention de formes nouvelles de littéralité et d'objectivité.
Il a également écrit sur
Francis Ponge, Denis Roche et Anne-Marie Albiach.