Freedom

Azzedine Alaïa et Arthur Elgort ont initié une collaboration qui aujourd'hui peut illustrer le frontispice des années 1980. Tous deux ne se comprenaient pas totalement, ne pratiquant pas l'anglais de l'un et le français de l'autre, mais tout semble prouver qu'ils étaient de connivence. Le jeu, l'intuition, la spontanéité font ici œuvre. Azzedine Alaïa entre littéralement dans le cadre de l'objectif et les modèles en joie sautent d'enthousiasme tandis que derrière l'appareil du photographe on devine le sourire et l'œil rieur. Elgort et Alaïa n'eurent pas à transiger et l'avenir montra que ce jeu débridé qui s'exerçait entre eux comme le trait d'union allait signer un exercice de style nouveau dans la photographie de mode, désacraliser les vêtements de créations pour mieux les mettre à la portée de tous. Elgort et Alaïa se sont reconnus dans l'absence des décors qui pour eux, superflus venaient perturber la vision photographique de l'un, les vêtements sculpture de l'autre comme un cosmétique inutile. Les modèles et les mannequins qui traversent les pellicules de l'un, les vêtements de l'autre se trouvent être les ambassadrices de ces expressions nouvelles ou deux regards se rencontrent sans jamais lutter. Linda Spierings, Frederique Van der Wal, Naomi Campbell, Christy Turlington, Cindy Crawford, Linda Evangelista, Stephanie Seymour telles les divinités quotidiennes d'un jeu désinvolte ornent de leurs gestes la frise que Alaïa et Elgort ont su dessiner.
Ce livre commémore la longue collaboration entre Alaïa et Elgort. Nombre des images produites par le duo sont considérées comme des classiques, emblématiques de la fin du XXe siècle. Ce volume reproduit environ 200 de ces photographies dynamiques et ludiques, dont beaucoup mettent en scène Alaïa lui-même.