Première monographie de l'artiste afro-américaine, célèbre pour ses représentations de la féminité noire, dont les spectaculaires patchworks pop déconstruisent et recomposent les rapports quotidiens féminin / masculin dans leur dimension domestique : une vue d'ensemble de la production de Tschabalala Self, avec sept essais et un entretien.
Publié à l'occasion des expositions de Tschabalala Self « Make Room » au Consortium, Dijon, en 2022-2023, et « Inside Out » au Kunstmuseum St.Gallen, Saint-Gall, en 2023.
Tschabalala Self (née en 1990 à Harlem, vit et travaille entre New York et New Haven) a développé un style singulier à partir d'un usage syncrétique de la peinture pour explorer les représentations de l'identité et du corps noirs. Elle construit des images de corps essentiellement féminins en utilisant une combinaison d'éléments cousus, imprimés et peints, et de pièces recyclées, traversant différentes traditions artistiques et artisanales. Son œuvre convoque, dans des décors parfois domestiques, le geste des peuples noirs-américains en leurs atours, situations et figures, sans compromissions. Très vite célébrée pour ses grandes compositions verticales à fond monochrome sur lesquels des personnages exhibent leurs corps en toute aisance, où hommes et femmes découpés en silhouettes affirmées et souvent dédoublées en ombres portées, Self a su mettre de son côté l'art de l'assemblage, de la couture, d'un cubisme bidimensionnel friand de papiers découpés ou de tissus cousus (à la machine).
« La peinture est cette occupation qui s'autorise, hélas tous les modes de consommation, comme heureusement toutes les recherches les plus fouillées des imageries communautaires donc universelles. La peinture quand elle est prise d'assaut, avec tous les savoir-faire, avec toutes les techniques mélangées, conserve son incommensurable pouvoir d'attraction. Envers et contre tout. Qu'elle soit le fait d'une jeune noire-américaine qui sait convoquer styles, moyens picturaux et iconographie naturelle, n'est plus une nouveauté, ni un paradoxe, ni une légitimité finalement acquise, mais la pleine conscience d'une époque qui enfin rétablit l'ordre des bonnes choses. » (Franck Gautherot)