La suite, posthume et presque achevée, du poème-fleuve initié en 2020 par Jean-Luc Parant.
Chaque année, au mois de mai, Jean-Luc Parant nous donnait à publier un nouveau Soleil : poème-fleuve qui interroge notre être au monde avec une liberté à la fois nouvelle et atemporelle, comme si cette parole nous venait des origines.
Ainsi, en 2020, ce fut
Soleil absent ; en 2021,
Soleil des autres ; en 2022,
Soleil la nuit. Cette année, cela devait être
Soleil d'ailleurs.
Et en 2024 :
Soleil révolution…
Jean-Luc nous ayant quittés, comme nous le lui avions promis nous publions ici l'intégralité des soleils. L'ouvrage termine donc – sans que cela soit une fin – par
Soleil révolution, presque achevé…
Rien ne pourrait exister sans l'infini. Tout est si énorme que, sans l'espace sans fin, le nombre de soleils et de planètes qui nous entourent nous auraient fait disparaître. Mais l'espace est si grand que rien ne peut plus se rencontrer ni même se rapprocher. Un seul soleil ou une seule planète nous aurait frôlés que l'infini se serait rétracté et que tout serait rentré en collision.
Le vide sans fin a tout séparé. Tout s'est éloigné, tout a reculé si loin, si infiniment loin que tout peut continuer à tourner, à avancer et à exploser, sans rien détruire, pour exister.
Il y a de la place partout pour refaire le monde partout. Pour refaire mille mondes, un million trois cent mille mondes, une infinité de mondes. Une place si grande que tout est devenu invisible.
Nous sommes descendus sur la terre pour essayer de nous rapprocher de tout jusqu'à tout pouvoir toucher et rendre visible l'invisible. Nous étions perdus, sans attaches, sans mains, comme un œil ouvert ébloui par la nuit sans fin. Seuls, nous étions seuls, intouchables et intouchés. Seuls et si loin que nous étions inaccessibles, séparés par un espace si grand que rien n'existait plus.
Nous sommes descendus sur la terre pour tout retrouver, pour retrouver tout ce qui s'était perdu dans l'univers et que la terre avait aspiré vers elle pour le conserver comme l'unique point de chute de tout ce qui n'avait jamais pu retrouver son chemin.
La terre est un refuge où s'est retrouvé tout ce qui s'était égaré dans l'infini. Ne pouvant pas aller plus loin, et ne trouvant pas d'endroit où vivre, ne sachant plus où il était, l'homme s'est dirigé vers la lumière la plus proche et sa peau s'est fendue à la taille du soleil qui lui était apparu dans le ciel, pour du même coup le projeter sur la planète qu'il éclairait.Grand nomade, poète et artiste, fondateur de la Maison de l'art vivant dans la Drôme, Jean-Luc Parant (1944-2022) est l'auteur de près de 200 publications, depuis ses premiers textes parus chez Fata Morgana et Christian Bourgois en 1976. Son œuvre poétique, toute entière portée par la question de la sphérité, est un regard unique posé sur le réel, cet impossible à voir et à saisir autrement que par les signes. « J'écris des textes sur les yeux pour pouvoir entrer dans mes yeux et aller là où mon corps, ne va pas, où je ne suis jamais allé avec lui, où je ne me rappelle pas avoir été touchable. Pour aller là sur la page, dans ma tête, dans l'espace. Je fais des boules pour pouvoir entrer dans mes mains et aller là où mes yeux ne vont pas, où je ne suis jamais allé avec eux, où je ne me rappelle pas avoir été visible. Pour aller là dans la matière, dans mon corps sur la terre. »
Jean-Luc Parant a exposé ses œuvres, entre autres, à la Fondation Maeght, au Centre Georges Pompidou ou encore au Musée d'art moderne de la ville de Paris.
