Il s'agit ici, année après année, de prélèvements effectués, chaque 24 avril, durant quatre-vingt-sept ans, à partir des sources les plus diverses (articles de presse, émissions de télévision, sorties de livres et de films, discours…). D'une masse d'informations. De ce qui, en somme, de l'infime à l'impérieux, fait l'histoire d'un pays.
« Le chroniqueur qui narre les événements sans jamais vouloir distinguer les petits des grands tient compte de cette vérité majeure que rien qui jamais se sera produit ne devra être perdu pour l'histoire. » (
Walter Benjamin, Sur le concept d'histoire, 3)
«
Au jour dit de Jacques-Henri Michot est à la fois un catalogue et une compilation fascinante d'archives mais, surtout, c'est un livre fort sur la composition du récit, le rapport de la littérature au réel et une méditation sur la mémoire elle-même. Un livre documentaire fascinant et très atypique qui se lit, presque paradoxalement, comme un roman sans fin. [...] Le livre est ainsi tout autant un éphéméride génialement composite qu'une sorte de méditation sur la nature du récit, de la mémoire, de ce qui se joue entre les deux. En s'abolissant derrière la matière documentaire, il conçoit une forme neuve et puissante qui met en en scène avec virtuosité ce qui s'efface peu à peu, se déchronologise dans un inconscient collectif, une connaissance dont on oblitère les sources. On accepte ainsi, sans jamais s'ennuyer ou être rebuté, la discontinuité de la mémoire en la faisant jouer dans une entreprise narrative paradoxale, énigmatique, forte, comme placée au-delà d'elle-même. »
Hugo Pradelle,
En attendant Nadeau
« Citant [...] une phrase de la correspondance de Flaubert [...] : "Il faudrait que, dans tout le cours du livre, il n'y eût pas un mot de mon cru", Jacques-Henri Michot propose une version inédite de ce rêve « moderne » qu'ont caressé bien des auteurs férus à la fois d'intertextualité et d'impersonnalité [...], cette fois sur une ligne verticale – à la semblance du forage aux fins d'extraction d'une carotte de glace –, et excluant ou quasi toute allusion à la vie personnelle de celui qui se définit ici en tant que "monteur/passeur". [...] Extraits de correspondances (
Ph. Sollers à
J. Derrida…), des journaux d'écrivains (Queneau, Leiris…) ou d'artistes, consultations des journaux dits "de presse", des magazines et revues en tout genre, résultats des divers Top 50 [...] et autres box-offices ; épluchage des archives des sites généralistes [...], commerciaux [...] ; sommaires des journaux télévisés [...], dépouillement des publications et bulletins officiels… Le tout, sélectionné et rangé chronologiquement, soigneusement sourcé – colporté, "dragué" dirait-on en terme maritime, remonté dans les filets grâce quasi exclusivement aux possibilités arachnéennes, pléthoriques, de la Toile. »
Jacques Barbaut,
Sitaudis
Jacques-Henri Michot (né en 1935) est écrivain. Il a été professeur de littérature comparée, d'histoire du jazz et de théâtre brechtien à l'université de Lille III.