Cet ouvrage présente la recherche de Léa Morin autour du premier film, longtemps invisible, du cinéaste marocain Mostafa Derkaoui De quelques évènements sans signification (1974), qui a conduit à sa récente restauration et diffusion internationale. Loin de se cantonner à une histoire cinématographique, ce « livre-archive, livre-enquête, livre-action » esquisse à partir des pistes multiples ouvertes par le film, une constellation de micro-histoires qui sont autant de réflexions et propositions de récits à faire émerger sur le Maroc culturel, artistique et politique des années 1970.
Le livre inclut un DVD avec le film.
« Au film séminal de Mostafa Derkaoui, interdit au Maroc pendant dix-neuf ans, un livre-somme rend magistralement hommage tout en reconstituant sa genèse, ses enjeux et son parcours chaotique. [L'ouvrage] resitue surtout le contexte politique et artistique dans lequel le film a vu le jour, montrant comment la radicalité esthétique du projet était déjà par elle-même une réponse aux visées nationalistes et propagandistes du régime. Une préface de Mostafa Derkaoui et une passionnante interview parue dans Souffles en 1966 le complètent. »
Élisabeth Lequeret, Cahiers du Cinéma
« L'ouvrage regroupe un ensemble de contributions qui permettent de revenir sur le parcours atypique d'un long-métrage culte. »
Soundouss Chraibi, Telquel
« Un joyau du cinéma mondial. »
Houda Ibrahim, RFI
Mostafa Derkaoui est un
cinéaste, pionnier du cinéma moderne
marocain, né en 1944 à Oujda (Maroc). Diplômé de l'École de Cinéma de Łódź, il vit à Casablanca.
Depuis son retour au Maroc en 1972, il prolonge ses recherches esquissées dans ses films d'études polonais, pour un cinéma libre et engagé qui puisse à la fois s'inscrire dans une réflexion décoloniale et la recherche d'une identité cinématographique proprement marocaine, tout en développant des formes innovantes et radicales. Sa vision avant-gardiste viendra se confronter à celle officielle et répressive de l'Etat marocain des années 1970 (ainsi que des institutions coloniales qui perdurent). Son premier film
De quelques événements sans signification (1974), réalisé avec un collectif d'artistes et intellectuels casablancais, sera interdit (Il sera restauré par la Filmoteca de Catalunya et l'Observatoire Art et Recherche en 2019).
Etudiant en philosophie à Casablanca au début des années 1960, passionné de théâtre, il se verra déjà interdire pour raisons politiques une de ses premières pièces en pleine période de répression contre l'extrême gauche et l'opposition sous Hassan II.Il part alors pour la France et fera une année d'étude au sein de l'école de cinéma parisienne l'IDHEC. Après un bref retour au Maroc et la réalisation d'un premier court métrage "Les 4 murs" produit entièrement indépendamment (aujourd'hui perdu), il part étudier, avec son frère le chef opérateur et réalisateur Abdelkrim Derkaoui, à l'Ecole de Cinéma de Łódź en Pologne.
Il y réalise 4 courts métrages, s'essayant à la fois au documentaire et à la fiction, ainsi qu'un mémoire de fin d'études sur
Le rôle du film dans le processus de transformation et d'élévation des consciences. Il sera également très actif dans la vie politique, théâtrale et étudiante de l'époque, tout en soutenant les luttes pour la démocratie et le combat pour les Droits de l'Homme au Maroc. Pour son film d'étude « Les Gens du Caveau », il se rendra à Paris après mai 1968 et filmera des débats au sein des Etats Généraux du Cinéma. Ces images, aujourd'hui disparues mise à part l'extrait utilisé pour son film, constituent une des rares trace filmée de ces rencontres historiques.
Curatrice et chercheuse indépendante, Léa Morin est co-fondatrice et directrice de l'Atelier de l'Observatoire (art et recherche) à Casablanca. Après des études en philosophie et cinéma, elle est diplômée de la filière exploitation de la FEMIS. Elle a été programmatrice et directrice de la Cinémathèque de Tanger entre 2007 et 2013. Ses recherches portent principalement sur les archives, l'histoire et le patrimoine cinématographique dans une tentative de contribuer à une meilleure connaissance des modernités artistiques rendues invisibles par les narrations dominantes, et de retracer des historiographies de l'absent, du disparu et de l'oublié. Positionnée entre création contemporaine, pratiques de préservation et recherche en Histoire du cinéma, Léa Morin a pour habitude de mener et élaborer des projets transdisciplinaires qui associent artistes, praticiens (archivistes, conservateurs) et chercheurs.