Première monographie en français, Art is Magic parcourt les références culturelles du célèbre artiste britannique, de Rod Stewart à la révolution industrielle, en les reliant à ses œuvres emblématiques. L'ouvrage très élaboré, conçu par Jeremy Deller lui-même, est structuré en douze chapitres écrits par l'artiste et contient cinq entretiens.
Publié à l'occasion de la première rétrospective en France de Jeremy Deller, lauréat du prestigieux Turner Prize en 2004 et représentant de son pays à la Biennale internationale d'art contemporain de Venise en 2013, Art is Magic dresse le panorama le plus complet de son travail des années 1990 à ce jour, à partir d'une quinzaine de projets et d'œuvres majeures qui ont ponctué son parcours.
Jeremy Deller s'intéresse aux cultures populaires et aux contre-cultures. Les questions sociales, l'histoire, mais aussi la musique, sont au centre des investigations de l'artiste. Teintées d'un discours socio-politique assumé, ses œuvres font un lien entre la culture – vernaculaire ou de masse – et le monde du travail. Ses recherches l'ont mené à explorer l'histoire sociale de son pays et du monde à travers les conflits sociaux de l'ère thatchérienne, le groupe Depeche Mode, le monde du catch, les ferments du Brexit, ou encore l'Acid house et le mouvement rave, avec le souci constant d'impliquer d'autres personnes dans le processus créatif. Art is Magic constitue une tentative de relier les œuvres clés de la carrière de Jeremy Deller avec l'art, la musique pop, le cinéma, la politique et l'histoire qui ont inspiré son travail. Deller a fait couler beaucoup d'encre au fil des décennies, mais c'est la première fois qu'il rassemble toutes ses sources culturelles.
L'ouvrage est divisé en trois sections : un guide visuel de ses œuvres préférées, des réflexions approfondies sur sa vie et sa pratique artistique et, enfin, un album d'images expliquant ce qui le motive (de Rod Stewart aux chauves-souris, du juke-box parfait aux têtes de hache néolithiques). Le livre présente des œuvres qui ont jalonné la vie et la carrière de Deller, la plupart inédites. S'y entrecroisent ainsi son installation gonflable pour le festival international de Glasgow, la grève des mineurs (son film sur la bataille d'Orgreave), les chauves-souris (sujet d'au moins trois des œuvres de Deller), Andy Warhol (qu'il a rencontré en 1986), les liens entre la révolution industrielle et le heavy metal, et les busards cendrés picorant les yeux d'un député conservateur (figurant dans sa fresque contre la chasse au gibier créée pour la Biennale de Venise).
Publié à l'occasion de l'exposition Jeremy Deller : Art is Magic au Frac Bretagne, au Musée des beaux-arts et à La Criée, centre d'art contemporain, Rennes, en 2023.
Jeremy Deller (né en 1966) est un artiste conceptuel anglais, célèbre pour ses œuvres d'art vidéo et ses installations. Une grande partie du travail de Deller est collaborative ; elle a un fort aspect politique, en terme des sujets traités, mais aussi en ce qu'elle contribue à la dévaluation de l'ego artistique par l'implication d'autres personnes dans le processus créatif. Le travail de Jeremy Deller est à expérimenter par tous et pour tous, il nous invite à créer une œuvre participative dans laquelle chacun à un rôle à jouer. Ses œuvres, trans-historiques et partisanes de la libre expression comme vecteur de valeurs et de sens, initient un dialogue entre les cultures, les gens, le passé, le présent et ce que pourrait être le futur. Dans une société qui prétend ouvrir l'accès à la culture et n'a de cesse de prodiguer un modèle à suivre dictant ce qui est culturellement et intellectuellement acceptable ou non, Jeremy Deller se joue de ces stéréotypes sociétaux qu'il balaye en s'intéressant aux sous-cultures, au folklore, aux hommes.
Le travail de Jeremy Deller est présent dans de nombreuses collections publiques (Centre Pompidou et Centre national d'arts plastiques, Paris ; Tate Modern et Victoria & Albert Museum, Londres, etc.), a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles en Europe (MAMCO, Genève ; Bonner Kunstverein, Bonn ; The Modern Institute, Glasgow ; Hayward Gallery, Londres ; Palais de Tokyo, Paris...). Il a remporté le Turner Prize en 2004 et a
représenté la Grande Bretagne à la 55e Biennale de Venise en 2013.
Textes de Jeremy Deller ; entretiens avec Jeremy Deller par Daniel Scott, Alan Kane, Mary Beard, Jonny Banger, Cheerio.
Traduit de l'anglais par Sandra von Lucius.