Le musicien expérimental, compositeur et inventeur d'instruments livre pour son retour sur le label Discrepant un nouvel ensemble singulier et stupéfiant de folk mécanique futuriste, d'exotica détraquée et d'expérimentation débridée, avec un instrumentarium plus déterritorialisé que jamais.
Après plus de quatre décennies d'activité constante, Pierre Bastien a construit une œuvre si impressionnante et influente que toute tentative de description de sa musique prend le risque de la banalité. Son univers sonore, profondément personnel et unique, n es'est pour autant jamais figé autour d'un gimmick ou d'un auto-mimétisme, car Bastien est un explorateur infatigable dont les propositions sont continuellement redéfinies dans un processus de découverte infinie aussi ludique que stimulant. Il est donc en cela parfaitement en phase avec l'éthique de Discrepant.
De retour sur le label après The Mecanocentric Worlds of Pierre Bastien (2017), il présente un ensemble d'instruments issus de cartographies et d'héritages différents sur l'album intitulé Sonic Folkways. Utilisant différents types de cors, une trompette préparée, une armée de percussions allant des gongs et tambourins aux castagnettes et maracas, un violon et d'innombrables autres instruments, Bastien construit une mosaïque hypnotique et très texturée qui projette un exotisme téléporté à partir de fragments du futur.
Après des débuts au hochet comme tout le monde, Pierre Bastien (né en 1953 à Paris) construisit vers dix ans une guitare à deux cordes, à partir des éléments du jeu « Le Petit Physicien ». Vers quinze ans il élabore une première machinerie consistant dans un métronome flanqué à droite d'une cymbale, à gauche d'une poêle à paella.
Ces expériences enfantines pourront paraître dérisoires, elles le sont à peine comparées à ses premiers actes de musicien adulte, puisqu'il a d'abord l'occasion de jouer du torchon de vaisselle, le maniant comme un fouet pour le faire claquer devant le micro, dans le disque
Parallèles de
Jac Berrocal. De ce disque le public retiendra surtout un titre,
Rock'n Roll Station avec Vince Taylor, Berrocal à la bicyclette, et Bastien dans un ostinato d'une note à la contrebasse.
Malgré ce départ peu conventionnel, et grâce peut-être à la survivance simultanée d'un certain esprit dada chez ses contemporains, Pierre Bastien est alors amené à travailler avec de grands artistes : Dominique Bagouet,
Pascal Comelade,
Pierrick Sorin, DJ Low, Robert Wyatt ou Issey Miyake.
En même temps il a longuement construit et mis au point un orchestre domestique et privé fait de dizaines de robots en Meccano, joueurs d'instruments de musique traditionnels et parfois d'objets usuels. C'est avec ces machines regroupées sous le terme
Mecanium, et d'autres issues de pratiques voisines, qu'il enregistre ses albums et donne ses concerts.