Une exploration de la clarinette Sib, toute en improvisations et matières.
« Ici, Bondonneau exprime haut et clair sa vision esthétique en incluant à la fois ses sentiments et une culture réaliste du monde dans lequel il navigue, sans compromis, sans retenue et sans a priori. Le message passe de manière naturelle, surprenante parfois, mais d'emblée ce disque sert de référence pour, d'une part l'instrument – la clarinette –, d'autre part son utilisation et – d'une certaine façon – son habilitation ou réhabilitation si nécessaire (d'autres s'en sont déjà chargés, de Bechet à Tony Coe). »
Philippe Renaud, Improjazz
« D'abord sidéré : je n'ai jamais entendu une clarinette (Sib) aussi ample et affûtée à la fois. Des chants d'oiseaux, au début, mais avec des sons de gorge, frémissements d'ailes, coups de bec et piétinements sur les branches. La vie "animale" dans les recoins oubliés de notre imaginaire. Ce "primitivisme" met en jeu des effets de souffle et des triturations du timbre que je croyais jusque là réservés au saxophone. Surtout remarquable : la cavité buccale comme modulateur et sélecteur d'harmoniques. Quand il utilise une surface vibrante, Bondonneau élargit le champ de l'instrument, lui procurant de vastes graves bourdonnants. Insecte ou mammouth, sacré bestiaire ! Plus loin, au-delà de la pesanteur (les techniques, les idiomes, les systèmes), à l'écoute de l'infinitésimal, il atteint un espace neuf qui exige une haute précision d'équilibriste. L'instrument devenu un tuyau sonore (avec clapets, soupapes, tuyères), une machinerie énigmatique. Vrombrissements, suraigus perforants, où passe l'influence de Doneda. (On s'en réjouit). On entend aussi les frottements de la pierre contre la meule, du saphir sur le vynile ; salut aux patients artisans électro. Et encore : tout un monde lacustre, fait de salive et de vent. Ô bonheurs de l'hyper clarinette. »
Daunik Lazro
Benjamin Bondonneau (né en 1975 à Sarlat) est un clarinettiste et plasticien qui travaille autour de la notion de « génie des lieux ». Il participe à diverses formations dont l'Ensemble Un, Silence was pleased, Comité Zaoum…
Après des études conjointes de clarinette, qu'il débute tout jeune à l'ENM de Sarlat, et aux Beaux-Arts de Bordeaux (DNAP/DNSEP 1993-1998), Benjamin Bondonneau continue et prolonge ces deux pratiques avec un engagement similaire. Après des années de pratique classique et d'orchestres, il oriente son travail de musicien vers l'improvisation libre, qui lui permet d'improviser dans de nombreux contextes avec de nombreux partenaires ponctuels tels que
Daunik Lazro,
Michel Doneda, Barre Phillips,
Lê Quan Ninh, Raymond Boni,
David Chiesa, Benjamin Maumus,
Sébastien Cirotteau, François Rossé,
Fabrice Charles, Géraldine Keller,
Raphaël Saint-Remy… et de développer un travail approfondi sur certains projets. Faisant objet de concerts, de résidences de créations, de commandes radiophoniques, il mène des projets ayant trait à différents univers tels que les abeilles, la forêt,
Élisée Reclus, l'eau, Darwin, la peinture de Jean Degottex, les falaises calcaires, Roger Caillois, la mémoire, les fantômes, la cartographie… Depuis plusieurs années il collabore avec le compositeur
Jean-Yves Bosseur, pour des exercices mêlant arts-plastiques et musique. Il mène également un travail de création radiophonique et a cofondé la web-radio radiodordogne.com/les paysages sonores du Périgord. Il a réalisé une douzaine d'enregistrements discographiques, et est régulièrement invité par France Musique ou France Culture.