Une histoire du mouvement de protestation apparu en Inde à la fin de l'année 2019, de sa répression étatique et des productions artistiques et culturelles qu'il a engendrées.
À la mi-décembre 2019, un mouvement de protestation national s'est formé dans la rue en Inde contre les nouvelles lois xénophobes, islamophobes et castéistes sur la citoyenneté instaurées par le gouvernement central dirigé par le Bharatiya Janata Party. Les sit-in, marches et rassemblements spontanés qui ont duré des mois se sont poursuivis jusqu'au début de l'année 2020, interrompus seulement par l'arrivée de la pandémie de Covid-19. Fin mars, un verrouillage national a été déclaré, et de nombreux sites de protestation à travers le pays ont été rasés ; leurs traces visibles ont lentement disparu. Dans le temps qui a suivi, l'énergie, la vigueur et la détermination du mouvement ont fait l'objet d'une campagne menée par l'État qui cherche à ternir ses prémisses : un simple appel à un retour aux fondements laïques et démocratiques de la constitution indienne.
Cet essai se propose d'écrire l'histoire du mouvement de protestation en tant que moment culturel et d'examiner la postérité des images, des séquences et des œuvres d'art qui ont été réalisées pendant et à la suite de ce mouvement.
Skye Arundhati Thomas est une écrivaine indienne basée à Goa. Ses écrits paraissent régulièrement dans Artforum, London Review of Books, Frieze, ArtReview, etc.
Elle est éditrice de The White Review.