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5 Streams (2 vinyl LP + 7")

Norscq - 5 Streams (2 vinyl LP + 7\
Première édition vinyle (version deluxe 2 LP + bonus live sur EP) du troisième album de Norscq (The Grief / The Atlas Project) qui rassemble plusieurs pièces composées pour diverses performances du metteur en scène Ibrahim Quraishi avec lequel Norscq collabore depuis plus de 20 ans, retravaillées et re-composées, constituant une synthèse parfaite de ses précédents travaux, mêlant textes anciens orientaux, electronica post-industrielle hypnotique et dark ambient.
5 Streams est le troisième album de Norscq après Lavatronic (2000) et son cousin Lavatron.X (2002). En 2001, Norscq a commencé à travailler de manière intensive pour Ibrahim Quraishi, metteur en scène US pakistanais de la Compagnie Faim de Siècle, composant la musique de nombreuses performances. En 2004, ils participèrent à un projet spécial intitulé Baburnama réalisé au Japon et en Inde qui s'est avéré être un flop artistique à cause de mauvaises intentions artistiques et autres malsaines pressions politiques de la part des commissionnaires et en 2005 et 2006, la Compagnie Faim de Siècle a réalisé aux USA le spectacle 5 streams toujours en action. Ces deux spectacles utilisent des textes anciens des traditions islamiques et hindoues et sont issus des ruminations personnelles d'Ibrahim Quaraishi sur un monde déchiré par les conflits et rassemblé par des histoires et identités communes. Dans le spectacle 5 streams, sons explosifs, voix hypnotiques, vidéo live et installation de corps offrent un voyage sensoriel complet au travers des croyances, mythologies et des complexes polarités culturelles de l'Asie du Sud moderne. Le travail explore les philosophies, visions artistiques et histoires sous-jacentes et communes, trop souvent survolées, qui continuent à réunir les peuples de cette vaste et dynamique région. Tout au long de la transformation de l'espace, il se tisse une narration non linéaire dans la distorsion délinéante du temps et des distances. Le public est emmené au travers de trois espaces distincts où voix jouées, mouvements, electronica contemporaine, performance et installations engloutissantes s'entrelacent avec dévotions et pratiques traditionnelles pour créer une synergie sonique au sein des cultures contemporaines avec leurs trajectoires historiques confondantes débordant sur les mythologies « pop » d'aujourd'hui. Pendant l'été 2006 Norscq a retravaillé sur les matériels qu'il avait composés pour ces deux spectacles en éditant, re-composant, mixant et mélangeant certains d'entre eux ensembles pour arriver à des morceaux nouveaux, ré-arrangeant, enregistrant nouveaux instruments et voix. L'album 5 streams est un vrai disque de musique originale, ayant sa propre vie au-delà des spectacles et loin des compilations de bandes originales, qui inclut de nombreux enregistrements réalisés sur place avec les performeurs et aussi quelques amis musiciens français. Il semble que 5 streams se révèle être une synthèse et un point de ralliement parfait des précédents travaux de Norscq que ce soit sous son son nom ou encore sous le les noms de The Atlas Project et The Grief ouvrant de nouveaux horizons pour les travaux à venir.

« Jean-Louis Morgère, Norscq, est connu depuis peut-être 25 ans en tant que l'ambulance, la bouée, le 911 secret (de polichinelle) d'une armée de musiciens plus ou moins underground ayant eu un jour ou l'autre recours à ses services de production, de mixage et/ou de mastering. Avec les années son propre travail a été un peu éclipsé par sa carrière d'accoucheur de la musique des autres. Il y a pourtant là un trésor à redécouvrir. La réédition vinyle de 5 streams (2006) le démontre en chacun de ses sillons.
Dès la première écoute on est autant marqué par la foison d'idées disparates et les mouvements incessants qui les animent que par la tenue de l'ensemble, l'équilibre coûte que coûte malgré le jeu de bascule permanent. On est pris dans le piège d'un patient va-et-vient entre ardeur et sérénité. 5 streams est d'une certaine manière un disque marin. Il tombe et se relève incessamment, à la limite d'une ligne de silence, en des dizaines de courants et contre-courants. Il tangue. Le musicien-voyageur a mis son nid sur le mât. Je ne sais pas si sa destination est tant l'Asie (qui entre les bols, les gongs, les voix et les fields recordings, est partout), qu'un lieu plus intime, un territoire incertain, plus poétique, plus onirique, où l'occident disparaîtrait enfin, où l'on pourrait croire se délester un peu d'un certain fardeau historique, philosophique, et bien sûr quotidien. Il ne s'agit à l'évidence pas de réappropriation de cultures lointaines mais d'une construction intime, d'une collecte d'expériences personnelles et collectives sublimées par le geste musical, qui viserait à sa propre disparition, et au bout du compte ne plus s'ancrer nulle part, n'être plus que son. Il marche presque contre son propre exotisme, ce disque, il le ramène toujours à la personnalité de son auteur, le soulève et le noie, l'émerge et le ré-immerge dans un genre de rituel aquatique, de baptême des profondeurs, d'aller-retours élastiques entre le très lointain et le très intérieur.
Tout un registre de voix non chantées et même de souffles aux limites de l'extinction nous interpelle ici et là comme bon leur semble en des langues parfois inconnues, flottant dans une gracieuse incertitude quant à leur fonction, entre matière brute et véhicules de sens. À cela s'ajoute une palette plus concrète, au sens musical, celle de la torsion, de la pression, des grattements métalliques, des contractions acoustiques, des moments où la physique d'un corps est poussée dans ses retranchements.
5 streams multiplie les situations où les objets se délestent de leurs contours sonores prédéterminés, où l'on « perd de vue » l'origine du son. Norscq les accompagne d'incessants changements de registres, de tactiques visant au surgissement de la différence, timbrale, mélodique, rythmique, harmonique, ou tout cela en même temps. On peut ainsi une fois, une seule, approcher la musique de chambre, oh pour un moment seulement, sans en abuser le moins du monde, lors d'un twist (au sens scénaristique du mot), absolument sidérant. C'est un peu la loi de ce disque, que de proposer des instants sortis de nulle-part et de toujours courir la fine ligne de crête entre plaisir de l'exposition de matière et joie plus mesurée de la composition structurée. Celle-ci a ses avantages, elle permet justement les montées au ciel et les descentes inversées – de très beaux mouvements coordonnés où des lampions savamment secoués se mettent à danser.
Même au plus fort de l'inévitable délitement qui suit chacune de ces patientes constructions, quand le son replonge vers l'indéterminé, on parvient toujours à penser une suite, on ne sait jamais trop laquelle mais elle vient, on sait qu'on ne nous laissera pas tomber – nous ne sommes pas ici témoins d'une guerre sainte contre la forme mais d'un art exquis de nouer et dénouer les éléments.
Le musicien, on le sent, a longuement laissé reposer, retouché ici, découpé là, pris le pouls de son humeur, œuvré patiemment à la transcendance des conditions de la genèse de son travail. Il a laissé infuser. Il a aussi fait des choix forts. Ce magnifique refus de la finalité, de la forme toute-faite, de l'évidence des structures ou des progressions, cette volonté de toujours les contrebalancer par une ivresse “free”, ou plutôt orphique, je veux dire incertaine quant à son statut ontologique, est la grande marque de fabrique de 5 streams.
Est produite une matière constamment mélangée, flottante mais portante, capable finalement de s'éclipser, pour laisser venir à vous une massive évocation d'images, de sensations, de rappels. C'est à l'auditeur de voir autant que d'entendre. J'y ai bien sûr retrouvé les très riches heures de mes voyages. La grâce fascinée de la collusion avec l'inconnu, mais aussi la paix plus générique et finalement plus exigeante de l'instant où l'on se laisse déborder par l'océan des choses, ici ou ailleurs. »
Guillaume Ollendorff, avril 2021

« Mûri en grand partie par l'intense collaboration avec Ibrahim Quraishi, directeur de la Compagnie Faim de Siècle, et des musiques composées pour quatre de leurs performances, 5 Streams pose des textes anciens et occasionnellement des chants de la tradition islamique et hindoue sur une electronica glaciale et sombre qui se fait plus tiède avec la transe de Fall after fight, renvoie aux expériences de ses compatriotes, Von Magnet dans Belly button avec son récitatif absent et aérien mélé avec résonances circulaires et troubles concrets, s'assombrit avec l'atmosphère oppressante de la partie centrale du lugubre et dark ambient As a warrior, I could have danced all night, chuchotements presque craintifs, montre un cynique détachement dans le torrentiel Nature and paradise et dans l'épisode plus accessible, le remarquable The man with a plan, avec guitare et cordes parcouru par des bruits d'animaux grinçants et peu rassurants ainsi que par une rumeur invisible de jungle.
Les éléments ethniques, bien que présents sont à peine plus qu'une coloration et ne parviennent pas à égratigner l'empreinte sombre, presque post-industrielle, et aurait-on envie de dire, l'aura négative qui marque 5 streams. »
Paoli Bertoni, Blow Up
Musicien électronique, producteur et ingénieur du son français, également vidéaste et acteur à ses heures, Norscq (Jean-Louis Morgère) est un pilier de la scène musicale française underground depuis les années 1980. Il est membre fondateur en 1984 du groupe culte et iconoclaste The Grief et du label Les Nourritures Terrestres. À partir de 1998, il a produit deux albums sous le nom de The Atlas Project puis a travaillé à partir de 2000 sous son propre nom mais aussi en collaboration avec Black Sifichi dans leur duo Super Stoned qui a pris forme en 2004. Il est connu pour être musicalement imprévisible, développant un art tout particulier du ciselage et de la sorcellerie dans son approche du façonnage du son. Cette qualité a amené de nombreux musiciens, performers (Cocoon, Colder, Von Magnet, Marc Ribot, Jack Dangers, JG Thirlwell, Simon Fisher Turner, Quattrophage, Wild Shores, Encre, dDamage, Minsurar, Hypo, EDH, Emmanuel Tugny, etc.) et labels de tous horizons à travailler avec lui, principalement dans l'univers clos des studios d'enregistrement, enregistrement et production, mixage, mastering ou restauration sonore (Born Bad Records) mais aussi sur scène (Young Marble Giants, festival BBmix...).
Mastering : Norscq.
Photographies extérieures : ABM studio.
Photographies intérieures : Norscq.
Conception grpahique : ABM studio.
 
paru en mai 2021
60'14, 8 titres
 
30.00
 
en stock
5 Streams (2 vinyl LP + 7
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