Catalogue conçu comme partie intégrante d'un projet d'exposition global déployé en quatre temps (initié dans une cave aux Açores, ayant transité à Zé dos Bois à Lisbonne, au Kuntsverein München puis à Madrid) : une expérience cinématographique panoptique, chorégraphiée et immersive, à l'intersection du travail vidéo de trois artistes.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à La Casa Encendida, Madrid, en 2018.
Depuis le milieu des années 1990, Alexandre Estrela (né en 1971 à Lisbonne) défend activement la
vidéo et le
cinéma expérimental. Située à la croisée de l'image en mouvement, de la sculpture et de l'
art acoustique, son œuvre interroge les relations entre le thème et l'image.
Alexandre Estrelaa étudié à la School of Visual Arts de New York. Dans cette même ville, il a effectué une résidence dans le cadre de l'International Studio & Curatorial Program. Il est également diplômé en peinture de la Faculté des Beaux-arts de Lisbonne, où il enseigne actuellement. Il a réalisé des expositions personnelles au musée de
Serralves (Meio Concreto, Porto en 2013), au Musée national centre d'art Reina Sofía (Pockets of Silence, Madrid en 2015-2016), ou au M HKA (Roda Lume, Anvers, en 2016). Il est responsable de l'espace Oporto, à Lisbonne, où il organise des projections de films expérimentaux.
João Maria Gusmão (né en 1979 à Lisbonne) étudie à l'école des Beaux Arts de la capitale portugaise (FBAUL) de 1997 à 2002, où il rencontre
Pedro Paiva (né en 1977 à Lisbonne). Les deux artistes débutent leur collaboration en 2001 et travaillent ensemble depuis. Ils mettent en place ce qu'ils décrivent eux-mêmes comme l'écriture d'une « fiction poétique philosophique », produisant un corpus artistique d'œuvres diverses et variées : de la sculpture à l'installation ou le court métrage en 16 ou 35 mm, en passant par l'écriture ou l'édition. Influencés par la
science-fiction, l'ethnographie ou les
sciences occultes et phénomènes paranormaux, leurs courts-métrages muets questionnent les limites de la perception à travers de petits scénarios énigmatiques, oscillant en permanence entre réalité et fiction, humour et poésie. Réalisés avec peu de moyens, avec des effets spéciaux « low-tech », ces films nous dévoilent volontairement les ressorts de leur fabrication. Si, au premier abord, leur démarche semble avoir un caractère
scientifique, elle se révèle en fait plus proche de la
pataphysique d'
Alfred Jarry, détournant avec ironie les méthodes d'investigation de l'
archéologie ou de l'
anthropologie. Leur production récente porte sur le mouvement et la durée, notions qu'ils développent au sein du vocabulaire
cinématographique, à travers des références aux pionniers du cinéma tels qu'Eadweard Muybridge et
Étienne-Jules Marey, mais aussi au sein de leurs propres expérimentations et de leurs inventions conceptuelles.
En parallèle à leur travail plastique, ils publient depuis 2005 la revue philosophique
Eflúvio Magnético, qui rend compte du vaste champ de leurs différentes recherches et interventions.
João Maria Gusmão nourrit également des collaborations de longue date avec d'autres artistes ainsi que des lieux alternatifs de la scène artistique lisbonnine : il a imaginé textes et images pour des projets avec Natxo Checa et ZdB et a travaillé avec
Alexandre Estrela,
Mattia Denisse ou
Gonçalo Pena, entre autres artistes.
Les œuvres cinématographiques de Gusmão et Paiva ont été présentées à travers le monde lors d'expositions personnelles immersives ainsi qu'à plusieurs biennales : à São Paulo (2006), à Manifesta (2008), à Gwangju (2010) et à Venise (2009 et 2013). Leurs œuvres figurent dans les collections de plusieurs musées internationaux, parmi lesquels la Tate Modern, le musée Reina Sofia, le
musée Serralves, le Centre Georges Pompidou, le Philadelphia Museum of Modern Art, le SFMOMA et le Nouveau Musée National de Monaco.