La conciliation de l'art et de la vie, au cœur de la réflexion et de la pratique de nombreux mouvements de l'époque moderne et contemporaine.
Concilier l'art et la vie, tel est le projet de nombreux artistes depuis le XIXe siècle. Enrichir l'existence par de nouveaux apports artistiques ou faire se confondre art et vie est au cœur de la réflexion et de la pratique de nombreux mouvements de l'époque moderne et contemporaine. Ainsi, les protagonistes d'Arts & Crafts et les autres artistes influencés par la pensée de
John Ruskin travaillent au décloisonnement des pratiques artistiques. Les
dadaïstes critiquent les valeurs établies et remettent en cause la notion même d'art, rejetant une activité pour eux dépassée. D'autres mouvements d'avant-garde comme le néoplasticisme, le suprématisme, le
constructivisme, le productivisme…, en phase parfois avec les mouvements révolutionnaires naissants, visent eux aussi à accorder l'art et la vie
Après la seconde guerre mondiale, et sans doute parce que jamais autant la personne humaine et son existence même ont été niées, le rapport de l'art et de la vie revient au centre de tous les questionnements. Les
lettristes révolutionnaires engagent une réflexion que les
situationnistes vont poursuivre et développer de manière exemplaire. Au même moment, en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Asie, des mouvements se constituent avec comme objectif de dépasser la pratique artistique en la transformant en autant de séquences de vie. Les propositions de
Gutaï, de
Fluxus, du groupe
Ecart, du groupe Untel, comme celles de créateurs plus individuels, trouvent aujourd'hui encore à résonner dans l'œuvre de jeunes artistes qui, renonçant à produire de nouveaux objets, privilégient la richesse des échanges et la qualité de la relation.
« Ce nouvel ouvrage de Maurice Fréchuret parcourt près de deux siècles d'histoire de l'art en possession d'un fil d'Ariane résistant : le souci qu'eurent un grand nombre d'artistes de cette période de rapprocher l'art de la vie. [...] Maurice Fréchuret brosse ainsi une fresque très complète et très détaillée, dont les 25 pages d'
index nominum signalent la richesse. [...]
Les analyses et descriptions se donnent dans un style alerte, à la fois clair et précis, toujours très agréable à lire. Avec élégance et générosité, Maurice Fréchuret fait profiter le lecteur de sa très grande culture, et de l'aisance que donnent la fréquentation des œuvres et le compagnonnage avec de nombreux artistes dont il est question. »
Carole Talon-Hugon,
Nouvelle revue d'esthétique
Seconde édition (2022).
Maurice Fréchuret est historien de l'art et conservateur en chef du patrimoine, détenteur d'un doctorat de Sociologie et d'un doctorat d'Histoire de l'Art, conservateur au musée d'Art moderne de Saint-Étienne de 1986 à 1993, puis du musée
Picasso à Antibes de 1993 à 2001. Directeur du
capcMusée d'Art contemporain de Bordeaux de 2001 à 2006, il est nommé conservateur des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes (2006-2014). Parallèlement à son travail de conservateur, de commissaire d'expositions et d'enseignant, Maurice Fréchuret a publié de nombreux ouvrages dont :
Le Mou et ses formes (éditions ENSBA, 1993, Jacqueline Chambon, 2004) ;
La Machine à peindre (Jacqueline Chambon, 1994) ;
L'Envolée, L'enfouissement (Skira, RMN, 1995) ;
L'art médecine (en collaboration avec
Thierry Davila, RMN, 2000) ;
Les Années 70, l'art en cause (RMN, 2002) ;
Exils (en collaboration avec Laurence Bertrand-Dorléac, RMN, 2012).