Suite à l'agitation sociale et aux actes d'immolations qui ont eu lieu dans le Sud algérien en 2011, l'auteur et journaliste Mustapha Benfodil a écrit ce monologue destiné au théâtre, celui d'un employé de morgue à travers lequel s'exprime les maux de la société algérienne.
BalBala (mot qui veut dire tumulte en arabe) est un petit village fictif imaginé près de Ouargla, ville qui connaît une forte agitation sociale en ce moment avec le soulèvement des chômeurs du Sud algérien (guidés par le Comité national pour la défense des droits des chômeurs, CNDDC) qui réclament « un peu » de justice dans l'accès au marché du travail dans les champs pétroliers. C'est ce qu'aborde ce récit, écrit comme le monologue du seul employé de la morgue du village, Moussa, qui travaille à une étrange étude socio-politique de son village à partir des morts qui passe par la morgue. Jusqu'au jour où le cadavre de son ami, Aziz, qui s'est immolé en plein tribunal vient rejoindre le contingent des trépassés de la morgue de BalBala…
Le texte repose, en grande partie, sur des enquêtes menées par Mustapha Benfodil (reporter au quotidien algérien El Watan), à plusieurs reprises, dans le Sud algérien, où des activistes comme Aziz sont régulièrement persécutés et condamnés. L'un d'eux, un jeune juriste sans travail, avait défrayé la chronique en s'immolant dans le bureau du directeur de l'agence de l'emploi de la ville de Ouargla…
« Ce n'était pas un feu ordinaire. C'était un feu sacré. Un feu prométhéen. J'étais le Chant de l'Igné. J'étais un volcan mal éteint. Je ne me suis jamais autant délecté d'une souffrance. J'ai allumé mon corps pour le regarder vivre ! »
Mustapha Benfodil (né en 1968 à Relizane, Algérie, vit et travaille à Alger) interrompt ses études de mathématiques pour se consacrer à son premier roman. Il se convertit ensuite au journalisme. Aujourd'hui Mustapha Benfodil travaille au quotidien El Watan. Il a reçu le prix Mohammed-Dib 2020 qui récompense un jeune auteur écrivant en langue arabe, amazighe et française.