Notebook 2

Pour qui connaît le travail de Clôde Coulpier et a déjà identifié les quelque dizaines d'activités qu'il pratique en continu depuis le début du millénaire (malaxer de la patafix, tricoter, décalquer, tirer à la carabine, mixer, découper, colorier, etc.) il sera aisé de voir dans cette prise de notes un geste (sauvage) de plus – une prise au sens fort du terme, comme à la chasse ou à la pêche, comme avec un piège, comme avec le corps. Pour les autres, ce seront des notes qui formeront un long poème, ou bien un catalogue d'œuvres potentielles, en attente, ou encore un carnet d'exercice où chaque phrase appelle un dessin dans le vaste espace blanc ouvert au cœur du livre.
Pour ESAAA éditions cette prise de notes s'est arrêtée à 500, quand l'artiste, chez lui, a imprimé une ramette de papier – une note par feuille –, et cela correspondait peu ou prou à sa période de travail dans le cadre du DSRA annécien. Mais pour Clôde Coulpier, cette prise continue et va continuer d'exister comme un geste au milieu de ses autres gestes. Il faisait déjà cela avant et il y avait un Notebook 1, une sculpture soclée à hauteur de lecteur produite il y a quelques années, en collaboration avec l'artiste Séverine Gorlier. Il existe dorénavant le Notebook 2, « un gros livre blanc qui fait bloc », et le Notebook 3 à venir ressemblera peut-être à un livre de poche. Le 4 sera peut-être comme un bréviaire, puis le 5 comme un grand format encyclopédique – ressemblant à un ouvrage d'entomologie, comme ceux dans lesquels on rangeait, au XXe siècle, l'ensemble des prises que l'on s'autorisait alors à faire dans les montagnes et les forêts. Puis le 6, le 7, etc.