« Comme j'écris, je suis le spectateur à venir de l'exposition qui m'occupe déjà dans sa fabrication.
Celle-ci, comme je le crois les précédentes, n'atteint pas aujourd'hui ce stade si proche de son visage ultime au prix d'une pénétration globale dont elle serait la matérialisation exacte. A la différence des précédentes, cependant, les accidents qui auront présidé à son architecture finale n'auront pas été dus aux réponses des artistes invités. Pour la première fois, en ce qui me concerne, il s'agit d'une exposition faite avec les oeuvres et non, de manière générale, avec les artistes. Elle ne s'entend pas non plus comme la démonstration d'une idée précise, la réalisation de quelque chose qu'aurait précédé une pensée achevée. Comme le signale
Liam Gillick au sujet même de son travail, ici les intentions et les résultats ne sont pas faits pour coïncider.
Disons que, paradoxalement, c'est plutôt l'image finale de l'exposition, ou une image générique de cet état final, qui a été le point de départ de cette réflection. Comme j'observais au fil des jours cette réflexion, j'ai cerné diverses questions qu'elle m'adressait, ou que, dans un mouvement constant de dribble, j'adressais aux oeuvres, aux expositions. »
Eric Troncy (p.280)
Éric Troncy (né en 1965 à Nevers,
vit et travaille à Dijon) est critique d'art, commissaire d'exposition, co-fondateur des revues
Frog et
Documents sur l'art, collaborateur à
Beaux-Arts magazine,
Numéro,
Les Inrockuptibles etc., auteur de nombreux textes de catalogues et co-directeur du centre du centre d'art contemporain
Le Consortium à Dijon.