Fonction des arts graphiques en France pendant la Première
Guerre mondiale.
Depuis les années 1990, l'histoire de la Première Guerre mondiale promeut l'approche culturelle du
conflit. Une petite révolution documentaire fut nécessaire. Aux sources et archives traditionnelles
s'ajoutèrent des pièces souvent négligées auparavant : journaux, carnets, correspondances, objets et
artisanat des tranchées. Les méthodes de l'archéologie furent aussi mobilisées. Il faut y ajouter l'iconographie
au cœur de cet ouvrage.
Inaugurale d'un siècle triomphal de l'image, la Grande Guerre abreuva les sociétés participantes
d'une foison d'images pour témoigner, encourager les combattants, informer ou éduquer le front de
l'intérieur, parfois imaginer ou dénoncer la guerre, voire y participer dans le cadre des sections de
camouflage.
Tout le monde a vu la guerre, à sa façon. La montrer fut plus délicat. Que peut ou ne peut pas
montrer un croquis, une carte postale, une image enfantine, une affiche, un dessin ou une peinture ?
Que veut montrer son auteur, son producteur, son commanditaire ? Que croit y voir son récepteur,
son destinataire, son client, son public ? Qui plus est, le besoin de voir et montrer la Grande Guerre
a évolué de 1914 à nos jours.
L'image est restée un vecteur mémoriel essentiel. Face à la destruction de masse et l'apparent
naufrage d'une civilisation qui nous trouble encore, les artistes et leurs œuvres préservent un espace
de liberté individuelle et continuent d'affirmer tous les droits de l'esprit.
« Une synthèse remarquable (...). L'épais volume, élégant et agréable à feuilleter (...), propose un inventaire et une analyse de tous les types d'image, dans toutes leurs modalités de production et de diffusion, que fit naître la guerre. La force du livre tient à l'assurance, la fermeté, la simplicité que seule confère la parfaite connaissance d'un sujet : Philippe Vatin s'intéresse au sujet depuis plus de trente ans, il est à la fois historien, historien de l'art, peintre et dessinateur, et les trois dimensions intellectuelle, esthétique et humaine donnent à l'ouvrage sa profondeur, son feuilleté. »
Frédéric Verger, La Revue des Deux Mondes
Philippe Vatin est agrégé d'histoire, docteur en histoire de l'art.