L'art des avant-gardes historiques ne réside pas tout entier dans les œuvres seules ; les manifestes et autres écrits d'artistes donnent la mesure – ou la démesure – de leurs projets. Mais il faut aussi considérer la portée de la monstration des œuvres, l'effet de l'exposition en acte.
Ce livre prend le pari de penser les œuvres à même leurs présentations inaugurales pour comprendre la dimension publique et active de l'art moderne – et de l'avant-garde russe en particulier. Il étudie pour la première fois de manière systématique un ensemble d'expositions de groupe de 1900 à 1916, organisées, imaginées et expérimentées par Sergueï Diaghilev, Mikhaïl Larionov,
Kazimir Malevitch ou Vladimir Tatline, dans lesquelles l'exposition prend part aux œuvres, et inversement. L'examen très concret des conditions de présentation physiques (organisation spatiale, effets d'accrochage), temporelles (durée, précarité, récurrence) et publiques (usage de la photographie, rapport aux médias de masse, au commerce de l'art) permet d'approcher de près les utopies qui sont au cœur de l'art d'avant-garde : agir sur l'expérience sensorielle et temporelle des spectateurs, faire de l'espace public un paramètre et un prolongement de l'œuvre. À ces utopies, l'exposition offre une institution précaire.
La traduction de textes-source en fin de volume rend accessible aux lecteurs francophones un aperçu des débats que l'exposition suscitait dans la Russie prérévolutionnaire.
« Une étude magistrale. »
Vincent Giroud, Nonfiction.fr
« Fruit d'un travail méticuleux, ce livre ne contient pas seulement de multiples informations sur les expositions étudiées et la présentation des œuvres, il comprend aussi des interprétations et des réflexions sur les visées des artistes et nous rappelle combien fut difficile pour l'art novateur d'alors de gagner le domaine public. »
Patrick Vérité,
Les Cahiers du musée national d'art moderne
« Tout au long de son ouvrage, Elitza Dulguerova mène une réflexion critique approfondie sur les multiples enjeux de l'exposition à travers une recherche historique rigoureuse (...). Bien que les questions soulevées par Dulguerova dans cet ouvrage soient ancrées dans un contexte historique précis, leur actualité est frappante. Les enjeux abordés sont souvent analysés par le prisme de concepts empruntés à des penseurs contemporains (
Deleuze, Barthes, Michaux, Koselleck, Adorno, etc.), ce qui contribue à les faire dialoguer avec l'actualité et à faire de ce livre un ouvrage dont la lecture est indispensable non seulement pour tous ceux qui s'intéressent aux avant-gardes russes, mais aussi, plus généralement, pour ceux qui s'interrogent sur les enjeux et les pratiques de l'exposition. »
Érika Wicky,
RACAR