Une étude magistrale et pionnière sur l'histoire des
marchés de l'art en
Italie, couvrant les champs de la peinture et de la sculpture, mais aussi de l'architecture, des arts appliqués et du spectacle vivant : Guido Guerzoni livre une synthèse de quinze années de recherches et d'analyse des fonds d'archives des cours italiennes de la Renaissance, à la croisée de l'histoire économique et de l'histoire de l'art, sur un terrain historiographique dont cet ouvrage constitue l'une des premières explorations approfondies et systématiques.
Ce livre se veut une tentative de démontrer théoriquement et par l'exemple la possibilité d'une histoire
économique de l'art qui articule mécanismes sociaux ou politiques et enjeux symboliques ou
patrimoniaux. Mettant en question un certain nombre de positions que l'on croyait acquises sur
le fonctionnement de la vie artistique et de la commande dans l'Italie de la Renaissance et du
début des Temps modernes, il montre qu'il n'exista pas
un marché mais
des marchés de l'art et
qu'on a trop extrapolé sur le rôle des cités marchandes au lieu d'étudier des principautés où fonctionnaient
non pas
une cour – comme tendrait à le faire croire
Martin Warnke dans son célèbre
essai de 1985,
Hofkünstler –, mais
des cours parallèles rémunérant toute une série de serviteurs, dans
laquelle les artistes n'ont pas toujours le premier rôle. Guerzoni rend aussi toute leur place au luxe
et aux techniques sophistiquées dans le prestige et la vitalité économique de l'Italie, et ce jusqu'à nos
jours. Dépassant le cadre chronologique affiché, il fournit pour finir une description exemplaire des
tiraillements entre protection du patrimoine et exportation des biens culturels en Italie, de l'Ancien
Régime à aujourd'hui.
« Cette traduction en français est une initiative doublement louable étant donné l'importance du texte et la qualité de la traduction de Sylvie Taussig.
Ouvrage de référence, ce livre est en effet venu combler une lacune dans l'historiographie italienne et enrichir une bibliogaphie majoritairement anglosaxonne (...). Une synthèse essentielle sur le rôle économique des arts au sein de la société. »
Armelle Fémelat,
Histara
Les travaux de Guido Guerzoni (né en 1967), historien et économiste, ont renouvelé l'approche de l'économie des arts entre les XVe et XVIIIe siècles et en général de la place du luxe dans l'essor du capitalisme. Il est l'auteur de nombreuses études sur le droit et le management des musées, sur l'économie des « biens immatériels ».
Guerzoni enseigne la muséologie à l'université Luigi Bocconi à Milan. En dehors de ses études sur le monde actuel (comme
Effettofestival. L'impatto economico
dei festival di approfondimento culturale, Fondazione Carispe, 2008), il a écrit des essais majeurs sur l'économie
dans l'Italie de la Renaissance (notamment
La colonia sotto casa. Lo sfruttamento estense delle risorse di
Comacchio. XV-XVI secolo, Allemandi, 2008), mais aussi sur le fonctionnement des cours, particulièrement
celles des Este à Ferrare.
Guido Guerzoni est responsable du projet « Mestre Novecento » (M9), un musée articulant histoire sociale, économique et culturelle à Venise. On lui doit aussi un récit historique d'une érudition frôlant la
pataphysique,
Il bambino
prodigio di Lubecca. La storia straordinaria di Cristiano Enrico Heinecken (Allemandi, 2006).