Célèbre pour ses toiles tressées, l'artiste François Rouan présente une quarantaine de tableaux photographiques inédits.
Pendant près de 40 ans, François Rouan s'attache à la déconstruction de la notion de tableau, à travers un procédé nouveau qui deviendra sa marque de fabrique : le tressage pictural. Cependant, dès la fin des années 1980, il se tourne vers la photographique, un procédé qu'il explore et détourne sans relâche depuis 25 ans, en parallèle de son travail de peintre. Fruits d'une insatiable expérimentation et exploration d'un medium insaisissable, les clichés retravaillés se déclinent autour d'une palette volontairement dépouillée. Tout en retenue, le noir et blanc se marie de temps à autre avec des nuances corail ou saumon. Cette apparente simplicité chromatique fait ainsi la part belle à quelques-uns des questionnements métaphysiques et obsessionnels de l'artiste : l'image du corps et le mystère de l'origine du monde. Dynamiques, ces images oscillent entre abstraction et figuration. D'une singulière acuité, les œuvres de Rouan résonnent avec quelques-unes des préoccupations actuelles – le rapport à l'image, l'envers de la surface, le rôle de l'art dans la recomposition d'un monde réel et mental fragmenté.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Templon, Paris, du 30 avril au 13 juillet 2024.
Né à Montpellier en 1943, François Rouan intègre l'École Nationale Supérieure des Beaux-arts en 1961 lorsqu'il s'installe à Paris. Il s'engage dans les années 1960, dans la mouvance
Supports/Surfaces.
Suite à ses recherches sur les collages, il aboutit en 1965 à ses premiers tressages, d'abord de papier gouaché puis de toiles peintes, découpées et réassemblées en trame. Proche de Balthus, directeur de la Villa Médicis dont il est pensionnaire de 1971 à 1973, soutenu par Jacques Lacan, il se tourne ensuite vers d'autres techniques dont celle des « hachures » ou de la cire.
A partir de 1980 il élargit sa pratique à d'autres médiums, photographiques et filmiques.
Son œuvre a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles et rétrospectives notamment au Centre Pompidou en 1975, 1983 et 1994 ; au Musée d'Art Moderne à Villeneuve-d'Ascq en 1995, aux Abattoirs à Toulouse (2006) et au musée Fabre de Montpellier (2017). Il a été exposé dans le monde entier, dont la galerie Pierre Matisse à New York (1972), la Stadtische Kunsthalle à Düsseldorf (1979) au Sezon Museum of Art, Tokyo (1997), à l'Institut des Beaux-Arts de Beijing (2000). Entre 1987 et 2005, l'œuvre de François Rouan est présentée dans près d'une dizaine d'expositions à la galerie Templon. En septembre 2024, le musée des Beaux-Arts de Lyon lui consacre une grande exposition rétrospective.