S'inscrivant dans une série de publications portant sur des corpus architecturaux singuliers, ce volume présente trois réalisations d'architectes fédérés autour de Bernard Quirot à Grachaux, une commune de la Haute-Saône.
Deux maisons et des bureaux sont construits sur un même terrain dans un environnement rural. Bernard Quirot et ses partenaires font du site un laboratoire reconstituant des histoires de l'habitation – l'habitat sur pilotis, l'habitat souterrain – mêlant des figures archaïques à des propositions avant-gardistes (les maisons du bush australien dessinées par l'architecte Glenn Murcutt ou la figure du bunker explorée par
Claude Parent et
Paul Virilio). Les trois réalisations interrogent trois matériaux et leur mise en œuvre dans une optique locale du « régionalisme critique » définit par les critiques Alexandre Tzonis et Kenneth Frampton.
La collection Trilogie propose une nouvelle manière d'appréhender l'architecture à travers la photographie, le texte et le dessin. Ni ouvrage de photographie, ni essai d'architecture, elle s'appuie cependant sur l'image et le texte pour restituer, par les moyens propres à l'objet livre, l'expérience d'une déambulation dans une architecture, du contexte au détail. Chaque numéro porte sur un ou plusieurs bâtiments construits dans un même lieu par un même architecte. Après une première partie de l'ouvrage mêlant texte et image, un dernier cahier de dessins architecturaux – plans, détails, croquis – résout les points aveugles laissés à la lecture ou la vision des photographies. Cet assemblage image-texte-plan constitue une première trilogie. La réunion d'un bâtiment, d'un lieu et d'un architecte est la deuxième trilogie.
Le parti pris de laisser une large place aux photographies, bénéficiant de pleines pages dans un ouvrage en grand format, fait de la collection Trilogie un objet à part dans le panorama éditorial français. Ce parti pris rend hommage à la revue japonaise GA (Global Architecture), qui rencontra un grand succès auprès des architectes dans les années 1980-1990. Comme pour cette publication, les photographies sont réalisées exclusivement pour l'ouvrage par un grand nom de la photographie d'architecture. La mise en page établit des continuités visuelles et des oppositions entre le contexte, rarement montré dans les publications architecturales, et l'architecture qui s'y implante. La succession des pages rétablit une séquence et un parcours propre au lieu. L'essai donne des clés de lecture telles que les conditions de la commande, la situation géographique des lieux et les intentions de l'architecte. Il replace l'œuvre en perspective sur la scène architecturale contemporaine.
Après des études à l'École nationale supérieure Louis-Lumière et un voyage initiatique au Japon, Luc Boegly décide de se consacrer à la photographie d'architecture contemporaine et patrimoniale en rejoignant en 1988, comme membre associé, l'agence Archipress, première agence spécialisée en photographie sur l'architecture contemporaine. Il exerce son activité de façon indépendante depuis 2002. Il publie mensuellement dans les revues d'architecture françaises et étrangères. Sa pratique s'articule autour de trois axes : photographie d'architecture, d'exposition, ou photographie scientifique, à travers la constitution de corpus de recherche en architecture et urbanisme en collaboration avec des chercheurs (monographies d'architectes et de villes). Il a notamment publié Trouville (AAM, Paris, 2020), La Source – Fondation Carmignac (Jean Boîte, Paris, 2019), Les Architectes de La Défense (Dominique Carré, Paris, 2011).
Architecte de formation, Olivier Namias a étudié à l'école d'architecture de Paris Belleville et au Politecnico de Milan. Après quelques années en agence, il se tourne vers la presse d'architecture et le commissariat d'exposition, avec une prédilection pour les sujets croisant l'architecture et la société, tels ses travaux sur l'architecture et l'électricité (architecture des réseaux électriques parisiens et l'introduction de la lumière électrique dans l'architecture, les paysages de l'énergie). Il a été commissaire de l'exposition Hôtel, présentée au pavillon de l'Arsenal en 2019, et de l'exposition Survols, présentée au CAUE en 2018, portant sur la représentation de la ville dans la photographie aérienne.
L'
architecte Bernard Quirot (né en 1959 à Dole) est diplômé de l'école d'architecture de Paris Belleville (1986) et ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome (1988). Il a été nominé au prix d'architecture BSI Swiss Architectural Award (2010), ainsi qu'au Grand prix national d'architecture (2018). Il a reçu le prix de l'Équerre d'argent qui récompense le meilleur bâtiment de l'année pour le projet de la maison de santé de Vézelay (2015). Son projet pour le lycée Ledoux de Besançon (1992) a reçu le label Patrimoine du xxe siècle en 2016. En 2014, il fonde l'association Avenir Radieux qui œuvre à la restructuration du centre historique de Pesmes, petit village de Franche-Comté, et qui organise depuis 2015 un séminaire annuel d'architecture. Il est installé dans le village de Pesmes (70) et associé à Alexandre Lenoble, Chloé Blache et Julie Vielle.