Situé entre
photographie et arts plastiques, le travail de Bruno Serralongue (né en 1968 à Châtellerault) interroge les conditions concrètes de production, de diffusion et de circulation de l'image médiatique, ses usages et son statut.
Bien qu'il recourt aux procédures professionnelles du photojournalisme, Serralongue est le commanditaire de ses propres reportages. Son protocole consiste à sélectionner ses sujets à partir des informations diffusées dans les médias (journaux, internet, mais aussi télévision et radio) avant de parcourir le monde au gré de son intérêt pour les événements qu'il a repérés. Au-delà de l'événement et du fait en tant que tel, ses images (et ses textes) se concentrent sur les interstices de l'information, sur ce qui se passe à la périphérie, dans les coulisses.
Les sujets sont abordés avec un traitement spécifique de l'image, notamment grâce à la précision détaillée de la chambre photographique, utilisée pour la photographie d'art (
Thomas Ruff et l'Ecole de Düsseldorf), d'architecture ou de mode.
Une approche artistique de l'image documentaire qui remet en question l'auto-suffisance supposée de l'art autant qu'elle se démarque de la « photographie plasticienne », en développant une critique du statut de l'image d'actualité héritée de l'art conceptuel et des stratégies interventionnistes du début des années 1990.