Une exploration en treize chapitres de la question du nom, dans un ensemble poétique traversé par l'enfance et la mémoire.
Ce livre n'est pas un recueil, mais le déploiement, en treize chapitres, d'une seule et même question, celle du nom ou du sans nom (« pas de nom propre »). Et cette question est explorée à travers les débris d'une enfance marquée par l'obsession du retour : « Il viendra sans que je le sache ». Mais qui ? Celui d'abord qui était revenu sans revenir et pour qui « il n'y a pas d'après-guerre », et qui parle à l'intérieur du corps de celui qui écrit. Et l'Autre, qui ne cesse de faire sourdement appel dans le bruit des cibles et des rituels, invisible et caché dans le nom. Ce qu'on nomme la « poésie » (ou parole brisée) célèbre ici la disparition des images, « jusqu'à ce que l'écran se vide ». Ou la mémoire. Tout se passe ici, en temps réel, dans le style de l'attente, en noir et blanc. Un livre, comme une photographie qu'on déchire.
« le nom vient d'éclater
à l'intérieur de la tête
lettre à lettre à franchir encore, laissé dans la boîte ici cassée ou ruine ou qui s'écroule encore et retombe sur le pavé humide ou bien à l'intérieur du corps qui s'écroule à son tour
mais rien ne reste
ici revenir est le sens, mais que revenir ? Parler cette langue toujours plus mal, enfoui sous les planches, oubli, oubli. Où revenir ? Le nom vient d'éclater en silence. Il traverse le corps. »
Écrivain, critique, enseignant, Jean-Marie Gleize (né en 1946 à Paris) joue depuis le début des années 1990 un rôle de premier plan dans le champ poétique français. Fondateur de la revue
Acid(e) avec Michel Crozatier puis, en 1990, de la revue
Nioques, de la « cellule Max Stirner » avec le poète Michel Crozatier dans les années 1980, de la collection « Niok » aux éditions
Al Dante jusqu'en 2005, il a publié de nombreux ouvrages, notamment aux éditions du Seuil, orientés par le dialogue avec les artistes, par la recherche d'une « prose en proses », par l'invention de formes nouvelles de littéralité et d'objectivité.
Il a également écrit sur
Francis Ponge, Denis Roche et Anne-Marie Albiach.