Le cinquième volume du « Biennale-Bouquin » (BB) ou « ALBUMANACH » (publication bisannuelle) de Julien Blaine, recueil de poésies lyriques et épiques, d'expérimentations visuelles et typographiques, de traductions de gravures préhistoriques, de témoignages sur des performances et déclarations, de carnets de voyages, etc. Ou comment le poète total se réinvente dans le présent au jour - au mois - à l'année - au siècle...
« Julien avec son opus magnus s'impose comme une référence poétique et organisationnelle claire pour toute la communauté de l'expérimentation internationale. »
Enzo Minarelli
« Une petite merveille d'irrespect. »
François Huglo,
Sitaudis.fr
« L'ouvrage/outrage par excès lance le lecteur dans les sinuosités des textes et des images dialoguant pour un temps à travers ces pages qui défilent d'elles-mêmes. Ce n'est pas forcément un livre juste, mais ce n'est pas non plus juste un livre. Et, à le traverser, on se plaît à se perdre dans l'univers de l'auteur, en oubliant volontairement notre fil d'Ariane à l'entrée du recueil, histoire de défier le Minotaure enragé incarnant une possible révolte du poète. [...] Finalement, on n'ose à peine dévoiler ce que cet ouvrage contient, car il est avant tout important d'en avoir l'expérience, de le vivre et de l'appréhender selon sa propre posture, sa propre humeur, son propre vécu. Il appartient à ces livres que l'on ne cesse de feuilleter, de reprendre, pour se perdre encore une nouvelle fois, croiser un cul-de-sac, se perdre une deuxième fois, revenir en arrière, puis peut-être un jour, trouver l'issue ? S'il y en a une, mais rien n'est moins sûr. »
Laurent Helye,
Critique d'art
Dès le début des années 1960, Julien Blaine (né en 1942 à Rognac, vit et travaille à Marseille) propose une
poésie sémiotique qui, au-delà du mot et de la lettre, se construit à partir de signes de toutes natures. Forcément multiple, il se situe à la fois dans une lignée post-
concrète (par son travail de multiplication des champs sémantiques, en faisant se côtoyer dans un même espace des signes – textuels, visuels, objectals – d'horizons différents) et post-
Fluxus (dans cette attitude d'une poésie comportementale, où est expérimentée à chaque instant la poésie comme partie intégrante du vécu). Mais avant tout, la poésie s'expérimente physiquement : elle est, d'évidence,
performative. Ses performances sont nombreuses, qui parfois le mettent physiquement en péril (
Chute, en 1983, où il se jette du haut des escaliers de la gare Saint-Charles à Marseille : violence de cette dégringolade incontrôlable, et la réception, brutale, au sol, quelques centaines de marches plus bas… puis Julien Blaine met son doigt sur la bouche et, sous l'œil d'une caméra complice cachée parmi les badauds médusés, murmure : « chuuuuut ! »). Mise en danger du corps, et mise en danger du poète, qui toujours oscille entre grotesque et tragique, dans une posture des plus fragile, car « le poète aujourd'hui est ridicule ». Performances, livres, affiches, disques, tract, mail-art, objets, films, revues, journaux… sa production est multiple, mêlant éphémère et durable, friable et solide. Pas un outil, un médium qui ne lui échappe. Mais rien qui ne soit achevé, arrêté. Car pour Julien Blaine la poésie est élémentaire, tout ce qu'il produit est fragment, indice d'un travail toujours en cours, document d'un chantier poétique à chaque instant renouvelé. Tous ces « résidus » doivent être lus en soi et en regard de ce qui nous entoure.
Blaine fut le cofondateur de
Libération avec ses amis de l'
Agence de Presse Libération et de
Géranonymo, directeur de
l'Autre-Journal avec son ami Michel Butel, fondateur de
Doc(k)s, la revue internationale des poésie d'avant-gardes.
Sous son patronyme Christian Poitevin, il fut adjoint à la culture à Marseille de 1989 à 1995.
Et sous le nom de Jules Van, il procéda à l'art du boycott, du vol, de la perruque et du sabotage ici & là.