Après l'ouverture du
Japon à l'Occident dans les années 1850, artistes, designers et créateurs de toute l'Europe ont été séduits par une nouvelle tendance pour le « japonisme ». Catalogue de l'exposition du Louvre Abu-Dhabi,
Affinités japonaises s'intéresse plus particulièrement au groupe pionnier d'artistes parisiens les Nabis, leur fascination pour les estampes japonaises et l'importance de ce métissage culturel dans le développement du décor moderne.
C'est en 1872, alors que le Japon s'ouvre aux routes du commerce et que l'Occident découvre, fasciné, les raffinements de l'art japonais, que le terme « japonisme » émerge. Il vient consacrer l'engouement pour ce style nouveau, et son influence sur l'art européen, en particulier décoratif.
Cette « coloration nouvelle », pour reprendre les mots d'Edmond de Goncourt, trouve une acuité particulière dans l'art de l'estampe, qui va influencer aussi bien les
impressionnistes que Van Gogh et
Gauguin. Les recherches de ces derniers aboutissent à un bouleversement de l'ordre visuel dont les Nabis seront les héritiers directs. Collectionneurs passionnés, les Nabis s'appuient sur les estampes pour développer un style original. Leurs décors, vibrants et colorés, en sont le témoignage le plus évident. Expressivité de la ligne et de la couleur en aplats, fragmentation de l'espace, abolition de l'illusionnisme et de la perspective traditionnelle… les principes des Nabis, nés de cette rencontre avec l'Extrême-Orient, font basculer la peinture dans la modernité, avec pour ambition d'abolir la hiérarchie entre peinture décorative et peinture de chevalet.