« Une nasse est un panier, une sorte de cage, agencée de telle sorte que ce qui peut y entrer n'en peut plus sortir. Un piège. De la nasse il faut alors retirer, extraire, ce qu'on a capturé. Et le relancer, comme aux dés, ou bien s'imaginer qu'on en dispose et qu'on peut le composer, faire jouer les pièces, les extraits séparés, mots, signes, traits, phrases, segments découpés, les uns, les unes, avec les autres, sur le champ de la page. C'est le travail d'un braconnier, d'un sujet non sujet, qui s'est lui-même extrait, qui s'est éloigné pour être présent invisible. Agir un peu en retrait. Ici commence la littérature. Le libre jeu en effet des fragments extraits et maniés, convoqués à se déployer à faible distance, à se toucher jusqu'à ce que s'activent ou se désactivent un effet lumière, un effet électrique, un effet vibration, un effet gain et perte de sens, un effet projectile. Car la nasse n'est pas seulement ce dispositif dont le sujet doit s'extraire pour en extraire les objets qui vont ensuite donner lieu à manipulations destinées à produire tel ou tel effet de sens, de multiplication et de pulvérisation du sens, à être lancés en direction du lecteur pour qu'il les ramasse et les lance à son tour. Contre ce qu'on appelle les “forces de l'ordre”, par exemple ».
(extrait de la préface de
Jean-Marie Gleize)
Justin Delareux (né en 1987) développe une œuvre
poétique polymorphe, opérant des va-et-vient entre la création
littéraire, plastique et
sonore. Il travaille à rendre poreuses les frontières qui séparent les différents champs de l'expression. Justin Delareux dessine, édite, photographie, peint, écrit, dispose, compose. Il est aussi créateur et rédacteur en chef de la revue
PLI – poétiques lacunaires.