Chronique d'une jeunesse française emportée à vau-l'eau, La Vie de Jésus est le roman à l'origine du film éponyme réalisé par Bruno Dumont.
Freddy, la vingtaine, vit au côté de sa mère, modeste bistrotière, dans une morne bourgade du Nord. Sans emploi, il tue le temps comme il peut, se gavant de télé ou arpentant la campagne à mobylette avec ses copains. Seuls rayons de soleil de cette vie marquée par la grisaille, la fanfare, où il joue du tambour, son pinson Léo, qu'il élève avec affection, et sa petite amie Marie, jolie caissière de supermarché à laquelle il voue un amour aussi fort que partagé. Mais celle-ci ne laisse pas indifférent Kader, un maghrébin, qui devient bientôt la bête noire de Freddy...
« J'ai écrit cette fiction sans jamais vouloir faire un travail de documentariste, l'histoire, le décor, les personnages sont un véhicule, un moyen d'expression pour essayer d'atteindre ce qui est universel en chacun de nous. » (B. Dumont)
Bruno Dumont est né en 1958 dans le Nord, à Bailleul (« belle » en flamand). C'est dans cette petite ville des Flandres, entre Lille et Dunkerque, qu'il tourne ses deux premiers films,
La vie de Jésus (1997) et
L'Humanité (1999). Deux longs métrages acclamés à Cannes (Mention spéciale Caméra d'or pour le premier, Grand prix du jury et double prix d'interprétation pour le second) qui imposent d'emblée Bruno Dumont comme un
cinéaste singulier, à rebours de la production française contemporaine. Avec sa caméra et la grammaire visuelle, Bruno Dumont laisse de côté les machines-outils et explore l'essence de l'homme, ce qui le motive, ce qui le rend profondément tragique. Des interrogations d'ordre sacré sur lesquelles le cinéaste porte un regard profane : il filme de façon brute les corps, les sensations, la nature, sans jamais intellectualiser, expliquer. Bien qu'il soit ancré dans une réalité très concrète (les acteurs ici sont souvent non professionnels), le cinéma de Bruno Dumont fuit le réalisme social. Ce que recherche plutôt le réalisateur, qu'il tourne en Flandres (
La Vie de Jésus, L'humanité, Flandres en 2006), en Californie
(Twentynine Palms, en 2003) ou en région parisienne (
Hadewijch, en 2009), c'est la « douce lumière » tapie en chaque être humain malgré la laideur et la violence du monde.