L'objectivité est nécessaire à l'histoire mais il y a aussi une histoire de l'objectivité : le maître livre de Daston et Galison la développe par une périodisation originale des aventures du concept. Un ouvrage fondamental, rédigé par deux des plus
grands historiens actuels des sciences, qui appartient aussi bien à l'
histoire de l'art (et à l'histoire tout court) qu'à celle des
sciences et de la
philosophie, impliquant des « manières de voir » à la fois sociales, épistémologiques, esthétiques et éthiques.
L'objectivité a une histoire, et celle-ci se révèle pleine de surprises. Lorraine Daston et Peter Galison retracent dans cette somme l'émergence de l'objectivité dans les sciences au milieu du XIXe siècle et montrent comment ce concept se distingue de deux vertus concurrentes : la vérité d'après nature et le jugement exercé. Ce récit est jalonné de grands idéaux épistémologiques qui recoupent des pratiques quotidiennes de fabrication d'images scientifiques : entre le XVIIIe et le début du XXIe siècle, les images révélant le mieux les profondes orientations des sciences empiriques (de l'anatomie à la cristallographie) sont celles des atlas scientifiques – ces recueils iconographiques qui enseignent aux praticiens d'une discipline ce qu'il faut observer, et comment le regarder. Ces images définissent ainsi les objets de travail des sciences de l'œil (cristaux de neige, galaxies, squelettes, particules élémentaires…) et permettent de mettre au jour l'histoire cachée de l'objectivité scientifique et de ses concepts concurrents. Qu'un auteur d'atlas idéalise une image pour isoler l'essentiel au nom de la vérité d'après nature, ou qu'il refuse d'en éliminer même le détail le plus fortuit au nom de l'objectivité, ou encore qu'il mette en évidence des formes au nom du jugement exercé est une décision qui procède autant d'un ethos que d'une épistémologie.
Cet ouvrage s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à la notion d'objectivité et à ce que signifie voir le monde avec un regard scientifique – mais aussi avec un regard artistique, car comme l'écrit Bruno Latour en préface de ce livre, le travail de Lorraine Daston et Peter Galison « appartient aussi bien à l'histoire de l'art qu'à celle des sciences ».
Seconde édition.
Historienne des sciences américaine,
Lorraine Daston (née en 1951 à East Lansing, Michigan) est directrice du Max Planck Institute for the History of Science de Berlin. Elle a coécrit Wonders and the Order of Nature, 1150-1750 (Zone Books, 2001) et édité Things That Talk: Object Lessons from Art and Science (Zone Books, 2004).
Physicien et philosophe des sciences américain, Peter Louis Galison (né en 1955 à New York) est Pellegrino University Professor of the History of Science and of Physics à l'Université d'Harvard. Il est notamment l'auteur de Einstein's Clocks, Poincare's Maps: Empires of Time (W.W. Norton & Co., 2003), de How Experiments End (University of Chicago Press, 1987) et d'Image and Logic: A Material Culture of Microphysics (University of Chicago Press, 1997), ainsi que coéditeur (avec Emily Thompson) de The Architecture of Science (MIT Press, 1999).