Un essai centré sur une pièce paradigmatique dans l'œuvre de l'artiste inventeur du Principe d'équivalence, qui met en lumière sa cohérence philosophique à partir d'une analyse de la notion d'origine.
Robert Filliou (1926-1987), artiste français ayant activement participé à l'aventure du mouvement
Fluxus, réalisa
La Recherche sur l'origine en 1974, dans une version monumentale sur toile écrue d'environ 90 mètres comportant divers dessins de couleurs, et dans une version multiple au 1/10ème, sur papier millimétré bleu.
Cette
Recherche sur l'origine a été maintes fois qualifiée d'œuvre de synthèse par plusieurs commentateurs avisés du travail de l'artiste. Or paradoxalement, rien ou presque n'a jamais été écrit de significatif à son propos, hormis pour paraphraser ce que Robert Filliou disait si bien lui-même. C'est ce vide historiographique que cherche à combler cet essai, afin de rendre à sa pleine intelligibilité cet intense projet : la « recherche » de Robert Filliou.
Prenant appui sur certains de ses travaux antérieurs tels que le « principe d'équivalence », ou encore celui de « création permanente », Robert Filliou réussit à articuler dans sa « recherche » ses réflexions concernant l'histoire des sciences (astrophysique, biologie etc.) et les processus cognitifs issus de philosophies extrêmes-orientales, dans une œuvre qui s'affirme comme un projet de refondation du matérialisme occidental en un immense récit cosmogonique.
Cyrille Bret (né en 1977 à Annecy) est historien de l'art, professeur à la Haute école des arts du Rhin, membre de son unité de recherche FAIRE-MONDES, après avoir été attaché temporaire d'enseignement et de recherche à l'université Lumière – Lyon 2 (2011-2013). Il enseigne également au sein du Master Écritures critiques et curatoriales de l'art et des cultures visuelles de l'université de Strasbourg depuis 2022.
Sa démarche historienne est nourrie par l'anthropologie et la sociologie pragmatique, et son approche des œuvres d'art vise à décrire les situations d'interaction qui forment leurs différents modes d'existence. Il a notamment consacré des travaux à la nébuleuse
Fluxus et au rôle de la partition dans les pratiques performatives, aux matrices cognitives développées par certains artistes (
Robert Filliou,
George Brecht), mais aussi aux enjeux liés à l'irruption du vivant dans l'art contemporain depuis les années 1960, ou encore à une approche des objets artistiques sous l'angle de leur agentivité et de leur biographie sociale.
Il a codirigé les ouvrages collectifs
Hervé Youmbi And Beyond, éditions de la HEAR, 2019, ainsi qu'
Objets à l'état vif – Entre dynamiques sociales et pratiques artistiques, Les presses du réel / HEAR, 2024.