Le célèbrissime artiste
Maurizio Cattelan et le commissaire Sam Stourdzé proposent une relecture de l'histoire de la photographie couleur au cours des XX et XXIe siècles, à travers les œuvres d'une vingtaine d'artistes affranchis du statut documentaire du médium photographique, et les images cultes issues de
Toiletpaper, pour explorer les racines communes de l'image et de l'imaginaire, flirtant avec les mondes du surréalisme et du pop.
L'ouvrage invite à parcourir l'histoire de la photographie couleur tout au long du XXe siècle à travers le regard acidulé de 19 artistes. Le parcours composé en 7 chapitres nous entraîne dans des mondes vibrants et saturés où la couleur percute la rétine et engage l'esprit.
Souvent décriée et rarement prise au sérieux, la photographie couleur a pourtant permis aux photographes de s'en donner à cœur-joie, de sortir leur palette pour repeindre le monde. Ils sont plusieurs à s'être libérés de l'assignation documentaire du medium photographique pour explorer ce que l'image avait de racine commune avec l'imaginaire en flirtant avec le pop, le surréalisme, le bling, le kitsch et le baroque.
La conquête de la couleur en photographie suit de peu l'invention du médium avec les premiers essais à but scientifique au milieu du XIXe siècle. En 1907, le premier procédé industriel de la photographie couleur s'affirme avec l'autochrome, créé per les frères Lumière. S'ouvre alors un siècle d'expérimentation chromatique : des scènes ordinaires aux réflexions philosophiques et politiques, la couleur transcende le simple outil pour devenir un élément narratif central.
Qu'il s'agisse de magnifier les détails d'une scène quotidienne, de redéfinir les codes de beauté des magazines ou de capturer des sujets engagés, la photographie couleur offre une vision intensément chromatique du monde. Cette diversité de regards et de pratiques témoigne d'un fil conducteur : la volonté de donner à voir autrement, en insufflant aux images la vie et l'émotion que seule la couleur peut transmettre.
Maurizio Cattelan et Sam Stourdzé revisitent ainsi l'histoire de la photographie couleur à travers les 20 numéros de Toiletpaper. Les images créées pour le magazine iconique constituent un fil conducteur narratif, contaminant et faisant irruption dans les pages du livre pour établir un dialogue photographique et créer métaphoriquement un groupe imaginaire d'amis iconographiques.
Œuvres de
Miles Aldridge, Erwin Blumenfeld, Guy Bourdin, Juno Calypso, Walter Chandoha, Harold Edgerton, Hassan Hajjaj, Hiro, Ouka Leele, Arnold Odermatt, Ruth Ginika Ossai,
Martin Parr, Pierre et Gilles,
Alex Prager,
Adrienne Raquel, Sandy Skoglund,
Toiletpaper, William Wegman, Madame Yevonde.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la Villa Medicis, Rome, du 28 février au 9 juin 2025.
Sam Stourdzé est commissaire d'exposition. Depuis 2020, il est directeur de l'Académie de France à Rome – Villa Médicis. Il a auparavant dirigé les Rencontres d'Arles et le Musée de l'Élysée à Lausanne.
Maurizio Cattelan est l'un des artistes les plus populaires et les plus controversés de la scène artistique contemporaine. Librement inspirées du monde réel, ses œuvres sont une opération irrévérencieuse lancée tout autant contre l'art que contre les institutions. Son utilisation ludique et provocante des matériaux, des objets et des gestes placés dans des contextes difficiles force le commentaire et l'engagement.
Cattelan est le créateur, avec
Pierpaolo Ferrari, de
Toiletpaper.
Fondé en 2010 par
Maurizio
Cattelan et le photographe
Pierpaolo Ferrari (
Le
Dictateur),
Toilet Paper est un magazine sans
équivalent. Dans le sillage de
Permanent
Food et de
Charley,
les projets cultes de Cattelan,
Toilet Paper, mi-livre
d'artistes, mi-magazine, interroge notre obsession contemporaine pour les
images en explorant nos désirs et pulsions les plus indicibles.
Constitué exclusivement de
photographies, dont chacune est
minutieusement construite au sein d'un environnement mental
spécifique,
Toilet Paper pervertit les codes de
l'iconographie médiatique, empruntant à la
mode, à la publicité, au cinéma, combinant
photographie commerciale, récits visuels tordus et imagerie
surréaliste pour créer une série de tableaux
saisissants, mélanges de normalité dérangeante et de
troublante ambiguïté, devant lesquels l'effroi se mêle
au plaisir visuel. Œuvre d'art en tant que telle, Toilet
Paper interroge aussi, de par l'accessibilité du format magazine et
une large distribution, la nature et les limites du marché de l'art
contemporain.