La manufacture du meurtre : l'émergence simultanée du tueur en série et de la chaîne de montage comme expressions de la rationalité des méthodes de production modernes.
En 1896, à l'âge de 35 ans, Henry Howard Holmes, de son vrai nom Herman Webster Mudget, le premier tueur en série des États-Unis, avoue des dizaines de crimes. Pour mener tranquillement ses activités, il a édifié à Chicago, à quelques encablures des abattoirs les plus sophistiqués du monde, une bâtisse si vaste que ses voisins l'ont appelée le Château. Létal, pratique et confortable, l'immeuble est doté des innovations les plus récentes. Chef-d'œuvre rationnel et mécanique cosy du crime en pantoufles, le projet de Holmes, designer de l'extrême, s'inscrit à merveille dans le projet fonctionnaliste des modernes.
Cette enquête interroge l'émergence quasi simultanée de la révolution industrielle et de la figure du serial killer. Loin d'être une coïncidence, elle annonce la rationalité de nouveaux modes de production dont la chaîne de montage et le meurtre sériel sont deux émanations. Le cas Holmes, anti-héros de l'histoire moderne, permet de mieux saisir le tournant que cette révolution économique, mécanique et culturelle a opéré dans le traitement du vivant.
On trouvera, en annexe de cet essai, la première traduction française des Confessions du tueur, publiées juste avant son exécution, en avril 1896.
Edition anglaise de l'ouvrage publié par La Découverte en 2018 sous le titre La manufacture du meurtre – Vie et œuvre de H. H. Holmes, premier serial killer américain.
Historienne et théoricienne du
design, Professeure Ordinaire à la
HEAD – Genève, Alexandra Midal a publié de nombreux ouvrages (
La Manufacture du meurtre ; Antidesign, petite histoire de la capsule d'habitation en images ;
Design, l'anthologie ;
Introduction à l'histoire du design ;
Matali Crasset…), dirigé de nombreux catalogues et publié des essais dans des revues et catalogues internationaux (MoMA, MOCA, Centre Pompidou, Walker Art Center, etc.). Commissaire d'exposition indépendante pour des musées MAMVP, MAMC, MUDAM, Wolfsonian Museum,
MUDAC, etc., Midal a été directrice de la Biennale de design de Ljubljana BIO28, du FRAC Haute-Normandie, assistante de
Dan Graham, responsable de la Design Project Room de la HEAD – Genève, où elle a organisé de nombreuses expositions :
Carlo Mollino ;
Marguerite Humeau ; Auger-Loizeau ; Superstudio ; Noam Toran, etc. En collaboration avec des artistes, des chercheurs et des commissaires d'exposition, Alexandra Midal explore de nouveaux formats de la pensée intitulés
Abecedarium et, depuis 2009, elle développe une perspective critique de l'histoire des idées via des films de théorie visuelle.