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Les carnets de Ion Grigorescu, rédigés à l'époque cruciale de la première moitié des années 1970, permettent de
revenir à la source d'une œuvre complexe et multiple qu'un engouement occidental récent a eu tendance à réduire, à travers le prisme d'une conception canonique de l'histoire de l'art, au contexte général de l'art conceptuel et de la performance. On y découvre une pensée tout aussi complexe, portant une critique originale de la modernité et de la rationalité instrumentalisée, une analyse de la subjectivité, un questionnement phénoménologique sur le statut de l'image, sur la relation du corps à la société, de l'art au monde, etc.
L'une des personnalités artistiques les plus emblématiques de l'après-guerre en Roumanie, figure-clé de l'art conceptuel en Europe de l'Est, Ion Grigorescu (né en 1945) pratique une forme d'anti-art, refusant, sur le modèle des avant-gardes historiques, la distinction entre l'art et la vie. Il
s'est attaché, à travers des expérimentations sur lui-même (dans des performances ritualisées qui le rapprochent de l'actionnisme), à aborder des questions liées à la sexualité et au corps, au paysage et surtout à l'omniprésence du politique, aussi bien du point de vue du régime communiste que du capitalisme triomphant.