Un disque avec lequel l'artiste italien Luca Trevisani présente deux hypothèses de réincarnation du paysage, deux traductions, deux protocoles stricts et entropiques de l'imagination.
« Ce qui ne peut être exprimé en couleur dans l'obscurité, dans la jungle, la nuit devient un concert. La course aux décibels dans le noir de la forêt amazonienne ne laisse aucune échappatoire : sans bouchons d'oreille, dormir est décidément impossible. C'est un vertige sonore, une voix primordiale qui enveloppe et captive. Le seul antidote auquel j'ai pu penser, en partie pour tenter de résister au désespoir, mais peut-être plus encore pour m'immerger dans le chant de cette vie grouillante, a été d'essayer de décrire ses voix, ses tons, ses nuances. J'ai donc allumé mon ordinateur et j'ai essayé de transcrire chaque son qui me traversait, devenant ainsi un sténographe au service de ce concert démesuré ».
Pour ce disque, Trevisani a interprété la partition de son texte, créant des centaines de sons épars, se chevauchant et coexistant, jusqu'à ce qu'ils s'assemblent en un ensemble pour l'écran (face A). Puis, reliant chacun d'eux à une touche du clavier de son PC, il a tapé le texte – ou plutôt, il l'a joué – transformant son ordinateur portable en un instrument de musique improbable mais parfaitement rigoureux, une machine à bruit déglinguée pour une nature domestique sauvage prenant forme autour, à l'intérieur et au-dessus de son bureau : la forêt de claviers (face B).
Edition limitée à 150 exemplaires numérotés.
Luca Trevisani (né en 1979 à Vérone) est un artiste multidisciplinaire dont la pratique se développe entre la sculpture et la vidéo et fait s'entrecroiser dans ses travaux les disciplines de la performance, des arts graphiques, du design, du cinéma expérimental et de l'architecture.
Son travail a été exposé internationalement et a fait l'objet de nombreuses publications. Trevisani a par ailleurs écrit divers textes et essais sur le travail d'artistes tels que
Francesco Lo Savio,
Luca Vitone, Giovanni Anceschi, Gianni Colombo,
Liam Gillick et Mark Manders. Il enseigne à l'UAV de Venise, à l'Université libre de Bolzano et à la NABA de Milan.
