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Que peut-il y avoir en commun entre l'architecture cistercienne du XIIe
siècle et l'art de
Jean-Pierre Raynaud ? Georges Duby répond en prenant l'exemple des vitraux de
Raynaud réalisés pour l'abbaye cistercienne de Noirlac en 1975. Les vitraux de Noirlac
offrent le même rapport en structure et décor que l'architecture cistercienne : une volonté
d'épuration maximum. Si la forme est similaire, la pensée cistercienne et celle de Raynaud
divergent dans le rapport qu'entretient l'œuvre avec la temporalité : les premiers
construisaient pour l'éternité alors que l'art de Raynaud est limité à sa propre existence et
donc à sa mort. Ainsi il décide de la destruction de son œuvre majeure en 1993 : sa
maison dans laquelle il s'enferma pendant 23 ans... ceci « pour aussi nous faire prendre
conscience que rien ne restera éternellement de toute façon, même les plus grands
musées du monde, et que tout est vanité, mais que en même temps si l'amour est là je
crois que rien ne nous est interdit. » L'artiste revendique la liberté de pouvoir traiter de la
naissance des choses, de la vie des choses et de la mort des choses.
Cette conférence, présentée par Philippe Piguet,
nous fait assister à la rencontre de deux
personnalités passionnées par la relation de l'homme à l'art, à l'architecture, à l'espace et
au temps.
Film réalisé dans le cadre du cycle des Grandes Conférences, conçues par
Alain Julien-Laferrière et organisées par le Centre de Création Contemporaine et
l'Université François-Rabelais à Tours le 6 mars 1995.
Les trois conférences de la collection Rémanence (Buren-Nouvel, Parent-Virilio, Duby-Raynaud) sont disponibles rassemblées dans un coffret (45 €).
Georges Michel Claude Duby (1919-1996) est un historien français spécialiste du Moyen Âge.
Jean-Pierre Raynaud (né en 1939 à Courbevoie) est un artiste français. Proche des Nouveaux réalistes, Il développe un travail autour de l'objet et des matériaux de rebut initié avec une série de panneaux de sens interdits. Le pot de fleur et le carreau de céramique deviennent ensuite des motifs récurrents dans son œuvre.