Un examen des relations entre Antoine Bourdelle et Alberto Giacometti, qui dresse un état des lieux pour le déchiffrement d'un désaveu et explore l'histoire plus générale de l'héritage et de l'enseignement artistiques sous le régime de la modernité.
Les textes sont formels : à compter de 1922, Alberto Giacometti « fréquenta » l'atelier d'Antoine Bourdelle « plusieurs années durant ». Mais quelles furent les modalités et la durée exacte de cette fréquentation ? Personne ne le sait, le Suisse ayant laissé flotter le doute sur ces mois d'apprentissage sans que personne n'osât les approcher réellement, loin de toute mythologie et de toute mystification.
Giacometti pouvait-il reconnaitre l'héritage d'Antoine Bourdelle, au risque d'être plombé par un passé trop lourd ? Du reste, obsédée par la tabula rasa et l'ex nihilo, les avant-gardes savent-elles accueillir leurs maîtres ? Partant, cet ouvrage entend décrypter un désaveu singulier et explorer l'histoire plus générale de l'enseignement sous le régime de la modernité, à l'heure où « les disciples renforcent, disséminent ou trahissent les sinus personnels et sociaux de l'identité » (George Steiner).
Colin Lemoine (né en 1978) est un historien de l'art, critique d'art, écrivain et commissaire d'exposition français.
Responsable des sculptures au musée Bourdelle,
il a consacré de nombreux articles, conférences, ouvrages et expositions à des artistes tels qu'
Alberto Giacometti, Auguste Rodin, Johan Creten, Antoine Bourdelle ou
Henri Focillon. En collaboration avec Jack Lang, il a coécrit un ouvrage sur Michel-Ange publié en 2012. En tant que commissaire d'exposition, Colin Lemoine a organisé plusieurs manifestations, dont « Ludwig van. Le mythe Beethoven » à la Philharmonie de Paris en 2016-2017. Il est également directeur de la collection littéraire « D'après » chez Flammarion et a publié deux romans,
Qui vive (2019) et
Malgré (2023), tous deux salués par la critique.