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Première publication consacrée à l'œuvre musicale méconnue du peintre américain Louis Michel Eilshemius, « découvert » par Marcel Duchamp. Entre tradition romantique et audace futuriste, ces créations sonores préfigurant l'usage du sample sont interprétées avec brio par le jeune pianiste Imke Lichtwark dans le CD accompagnant cet ouvrage, qui comprend des textes de Roberto Ohrt, de Sven Daigger, de Stefan Banz, ainsi qu'une correspondance abondante d'Eilshemius lui-même et de nombreuses reproductions de peintures, de dessins et de partitions.
Publié à l'occasion de l'exposition « Eilshemius and Kunsthalle Marcel Duchamp » au 8. Salon, Hambourg, en septembre 2018.
Louis Michel Eilshemius (1864-1941) a été un personnage marginal et fascinant de la scène de l'art new-yorkaise au début du XXe siècle. Son œuvre resta pratiquement inconnue du public jusqu'à ce que Marcel Duchamp la découvre lors de la première exposition de la Society of Independent Artists au Grand Central Palace à New York en 1917. Par la suite, Duchamp et Katherine S. Dreier organisèrent les deux premières expositions personnelles d'Eilshemius dans une institution publique, la désormais légendaire Société Anonyme, à New York en 1920 et 1924. Le nom d'Eilshemius était soudain sur toutes les lèvres : les critiques d'art les plus fameux de leur temps écrivirent sur son travail et les collectionneurs d'art américains les plus influents commencèrent à s'intéresser à son travail. Cependant Eilshemius, épuisé par l'échec des années précédentes, et mentalement de plus en plus instable – peut-être aussi accablé par la perception transformée de son art – abandonna la peinture en 1921. Néanmoins ses œuvres furent exposées de plus en plus fréquemment dans les galeries les plus réputées de New York. Ainsi plus de 30 expositions personnelles eurent lieu de 1932 à sa mort en 1941. Même si aujourd'hui de nombreux musées aux États-Unis, tels que le Museum of Modern Art de New York, le Whitney Museum of American Art, le Hirshhorn Museum, ou la Phillips Collection ainsi que des collections de renommée internationale possèdent des œuvres d'Eilshemius, avec l'apparition du Pop Art et de l'art minimal dans les années 1960, l'artiste tomba peu à peu dans l'oubli. Au temps des énormes succès des biennales et autres manifestations d'art, Eilshemius représente de manière exemplaire la réalité parallèle de l'artiste solitaire et singulier qui suit son chemin personnel, ce qui est une des raisons pour laquelle son œuvre nous paraît plus contemporaine que jamais.