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Roman Opalka explique un travail pictural ayant pour cadre l'existence de l'artiste lui-même.
La toile « non-touchée », c'est la toile vierge dont le vertige confronte le peintre à ses interrogations et à ses doutes. Roman Opalka explique sa démarche dans ce texte. Il interroge l'acte créateur à l'aune d'une histoire de l'art ponctuée par des mouvements d'avant-garde qui remettent sérieusement en question la pertinence de cet acte.
Sa méditation prend également en considération l'événement des camps de concentration, point de rupture traumatisant pour l'histoire de l'humanité. « Après l'expérience de l'innommable des camps d'extermination, la création est-elle encore possible ? » s'interroge-t-il en rejoignant, entre autres, Primo Levi.
Opalka a choisi d'inscrire son œuvre dans le champ de ces préoccupations en initiant à partir de 1965 un travail pictural ayant pour cadre l'existence de l'artiste lui-même. Ce projet consiste à matérialiser le temps qui passe, à en épouser le caractère éphémère pour le manifester, en inscrivant à la peinture blanche sur un fond noir une progression continue de nombres. À chaque changement de toile, Opalka produit une variation chromatique qui consiste à diluer 1 % de peinture blanche dans le fond noir. Arrivera ainsi, si le temps le lui permet, le moment où les nombres et le fond se rejoindront dans le blanc. Un blanc qui ne sera plus celui de la toile « non-touchée » mais celui obtenu à la suite d'un cheminement existentiel matérialisé par la vie d'un peintre.
Ce livre est disponible, avec neuf autres écrits d'artistes publiés dans la collection L'art en écrit, au sein du coffret 10 Art Books.
De parents polonais, Roman Opalka (1931-2011) a vécu une majeure partie de sa vie en Pologne avant de revenir en France en 1977. Il a réalisé depuis 1965 un travail de peinture intitulé « OPALKA 1965/1 – ∞ ».
Figure incontournable de l'art du XXe siècle, Opalka se trouve représenté dans les principaux musées du monde (Guggenheim, National Gallery de Berlin, Centre Pompidou, Musée Toyota au Japon...).