En 1969, à New York, l'artiste japonaise Yayoi Kusama publie un des premiers tabloïds qu'elle ambitionne hebdomadaire. Bravant les lois anti-pornographie de l'Amérique puritaine, elle s'attaque à tous les tabous de la sexualité opprimée, par le texte et l'image. Une curiosité jamais reproduite.
Née en 1929 au Japon, Yayoi Kusama, s'embarque pour les Etats-Unis en 1957. Dès 1959 à New York, où elle fréquente des artistes avant-gardistes tels que Frank Stella et Donald Judd, elle expose sa peinture, abstraite, sans composition, souvent monochrome et répétitive jusqu'à l'obsession. Outre la mode, la réalisation de films ou l'écriture, elle aborde en parallèle la sculpture et les installations environnementales qui feront sa notoriété, en recouvrant des objets quotidiens de protubérances molles phalliques. Ces objets inclassables se multiplient en même temps que l'artiste met en œuvre des actions de rue – happenings et performances dénudées – dans les lieux symboliques de la ville tout autant que des orgies débridées dans son propre atelier.
En 1973, malade, elle repart pour le Japon où elle s'enferme dans un hôpital psychiatrique qu'elle n'a plus quitté depuis. Trouvant refuge et confort, suivie par des médecins amis, elle s'y organise une vie de travail et d'écriture, à l'écoute de la ville et protégée d'elle en même temps. La reconnaissance venue dès les années 1980 et la consécration internationale des années 1990 lui confèrent désormais une place de tout premier plan dans l'histoire des avant-gardes mais aussi dans l'actualité d'aujourd'hui.
