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April is the cruellest month (CD)

Masayuki Takayanagi - April is the cruellest month (CD)
L'album « perdu » légendaire de Masayuki Takayanagi.
Issu des sessions de 1975 par la Masayuki Takayanagi New Direction Unit, April is the cruellest month, initialement prévu pour ESP-Disk avant la disparition prématurée du pionnier du label de free jazz cette année-là, a finalement paru en CD au Japon en 1991. Pendant la période de la carrière de Takayanagi qu'il a appelée « Non-Section Music », on ne peut qu'imaginer quel aurait été l'impact de cette déflagration au niveau de la réception internationale de la noise japonaise si le disque avait atteint les côtes américaines dès sa sortie. Sur We Have Existed et What Have We Given, la formation classique de Takayanagi avec Kenji Mori (saxophone alto, flûte, clarinette basse), Nobuyoshi Ino (basse, violoncelle) et Hiroshi Yamazaki (percussions) prouve que l'improvisation libre se développait bien au-delà de l'Europe occidentale. Avec le cataclysme My Friend, Blood Shaking My Heart, l'unité se lance dans un déluge implacable de bruits frénétiques et fulgurants, de nappes de sons infernales et distordues, dans un abandon extatique, les instruments s'élevant parfois au-dessus du vacarme pour être à nouveau engloutis par le maelström. Sans autres rivaux en intensité que The Olatunji Concert de John Coltrane, Machine Gun de Peter Brötzmann et Echo de Dave Burrell, April is the cruellest month marque la première échappée, fracassante, de la musique de Masayuki Takayanagi en dehors du Japon.
Masayuki « Jojo » Takayanagi (1932-1991) était un guitariste japonais non-conformiste, un esprit révolutionnaire dont l'œuvre incarnait les mouvements politiques radicaux du Japon de la fin des années 1960. Après s'être fait les dents en tant que disciple accompli de Lennie Tristano en jouant du cool jazz à la fin des années 1950, Takayanagi a été sidéré par la « Free Form Guitar » de la Chicago Transit Authority en 1969 et a rapidement tourné le dos à la scène jazz, allant jusqu'à traiter ses anciens pairs et admirateurs de « bande de perdants » dans la presse. Takayanagi avait trouvé une nouvelle direction, un anéantissement du jazz et de l'idolâtrie de la culture américaine hégémonique qui lui était associée. Elevant ses élans virtuoses vers la stratosphère, Takayanagi s'est consacré à l'art du freakout, s'attaquant frontalement à la tradition notamment par le biais de sa bien nommée New Direction for the Arts (plus tard New Direction Unit) et des collaborations avec le saxophoniste Kaoru Abe, un outsider aux vues similaires. Ses innovations sur l'instrument sont équivalentes à celles de Sonny Sharrock et de Derek Bailey et ont ouvert la voie à la nécromancie japonaise de Keiji Haino et Otomo Yoshihide. À l'automne de sa vie, les performances en solo de Takayanagi ont fait de lui l'un des premiers guitaristes, aux côtés mais indépendamment de Keith Rowe, à utiliser une guitare sur table pour une improvisation purement sonore.
 
paru en juillet 2019
 
épuisé
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