Mettant en lumière l'approche conceptuelle unique de l'artiste suédoise d'origine hongroise Lenke Rothman,
cette publication présente une sélection de sa vaste production, notamment des peintures, des dessins, des installations, des livres, des sculptures, des objets et des créations textiles, la plupart réalisés dans les années 1960 et 1970, une période de travail exceptionnellement productive.
Publiée à l'occasion de l'exposition éponyme au Malmö Konsthall en 2024-2025, nommée d'après l'installation créée par Lenke Rothman en 1981 pour P.S.1, New York, retrouvée et remise en scène pour l'exposition à Malmö.
Lenke Rothman (1929-2008) est une artiste et auteure juive d'origine hongroise installée à Stockholm. À l'âge de seize ans, en 1945, elle est arrivée seule à Malmö, en Suède, après avoir survécu à deux camps de concentration nazis, Auschwitz et Bergen-Belsen. Arrivée très affaiblie en Suède, Lenke Rothman y a passé ses premières années dans des maisons de convalescence, des sanatoriums et des hôpitaux, une période qui a également marqué le début de sa pratique artistique.
Lenke Rothman a très tôt expérimenté différents types de matériaux et exploré leur potentiel narratif intrinsèque. En insistant sur la capacité des matériaux à parler, à exprimer et à produire le souvenir, elle a créé des œuvres à multiples facettes et profondément personnelles tout au long de ses soixante ans de carrière artistique. Elle a souvent utilisé des matériaux artistiques non conventionnels et des objets du quotidien. Boutons, épingles à nourrice, billets, vêtements, sacs en plastique ont été assemblés de manière complexe et caractéristique. Autant de traces de vie, mais aussi de traces de son expérience de l'Holocauste, le traumatisme de la perte de tout ayant entraîné la nécessité ultérieure de s'assurer que rien d'autre ne peut être pris.
Le fil, le tissu et les points de suture sont des éléments centraux de l'univers visuel de Lenke Rothman. Son intérêt pour la couture est lié à un processus de guérison personnel, au tissu cicatriciel du corps et aux traces visibles d'expériences vécues qui ne peuvent être cachées. En même temps, un acte de réparation plus large se produit dans la tentative de réparer l'existence en fusionnant le passé avec le présent. Ou, comme l'artiste l'a écrit elle-même : « Coudre ensemble ce qui a été avec ce qui est, et tirer le fil dans ce qui est encore à venir ».
