7 Stücke 1998 (vinyl LP)

Les espaces ouverts de Berlin-Est qui ont vu le jour pendant une courte période dans les années 1990, après la chute du mur de Berlin, se sont révélés être un terrain fertile pour les expérimentateurs musicaux et artistiques, qui ont pu développer leur jeu et présenter leurs découvertes, et travailler ensemble d'une manière qui aurait été impossible ailleurs. Rétrospectivement, la formule réductrice de l'improvisation connue sous le nom d'Echtzeitmusik (musique en temps réel) semble éclipser d'autres réalisations. Il est donc temps de ressusciter des groupes et des artistes qui ont travaillé dans les franges inclassables de ce qui était déjà une scène sous-culturelle.
L'un de ces groupes est Kunstkopf, formé en 1995 par Manfred Machlitt, Dirk Specht et Taymur Streng, rejoints peu après par Patrick Laschet, tous musiciens issus de milieux très différents. Streng et Machlitt ont fait partie de la scène électronique underground de Berlin-Est. Streng avait joué dans le groupe dark-wave Neun Tage Alt et expérimentait en même temps avec des synthétiseurs et des dispositifs de création sonore dans sa maison de la banlieue de Berlin, tout en établissant des contacts avec l'avant-garde académique, par exemple avec le studio électroacoustique de l'Académie des arts de Berlin-Est. Streng a ensuite travaillé comme bibliothécaire jusqu'à sa mort prématurée en 2022. Laschet et Specht, quant à eux, étaient issus de la scène post-industrielle ouest-allemande des cassettes DIY, mais vivaient à Berlin-Ouest depuis un certain temps. Specht vit aujourd'hui à Cologne et est membre du Therapeutische Hörgruppe Köln.
Kunstkopf est né de l'intérêt commun des membres pour diverses formes de musique électronique et expérimentale, et de leur curiosité à trouver un langage mutuel et un mode d'échange à travers ou en dépit de leurs origines disparates. En concert, le groupe a toujours improvisé, ne développant jamais un répertoire par le biais de répétitions, mais donnant des performances erratiques, tout en se positionnant fondamentalement comme un ensemble structuré, et non comme un collectif libre comme le faisaient d'autres improvisateurs. En même temps, le rôle de chaque membre entre le musicien, l'électronicien, le compositeur, le bricoleur de son et le technicien du son restait flou.
Après une session d'enregistrement précipitée de 4 jours en 1996, dont une partie est sortie sur le label ON/OFF en 2002, le groupe a décidé d'abandonner son approche live en faveur de l'enregistrement d'un album au fil du temps dans le studio privé installé dans l'appartement de Manfred Machlitt. Le processus s'est étendu sur une période de près de deux ans et a impliqué l'enregistrement multipiste, le séquençage, l'overdubbing, la programmation de logiciels et une phase de post-production étendue. Les sources sonores utilisées étaient une variété de synthétiseurs numériques et analogiques, divers instruments dont un piano à queue Bechstein et un violon fortement traité, ainsi qu'un certain nombre d'objets domestiques. Le groupe cherchait à obtenir une diversité de sons aussi riche en contrastes et en couleurs que possible, en s'opposant au réductionnisme pratiqué ailleurs dans la ville, mais sans jamais tomber dans les pièges de l'expressionnisme.
Les pièces du home studio de Machlitt ont été achevées en 1998 et sont restées inédites jusqu'à présent. Six d'entre elles sont présentées ici, complétées par un enregistrement en direct de la même année, ce qui donne 7 pièces (7 Stücke).