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les presses du réel

Conversation Pieces

Gerald Petit - Conversation Pieces
Monographie rétrospective : une vue d'ensemble des travaux photographiques et picturaux de Gerald Petit, avec une conversation entre l'artiste et Laurent Montaron ainsi qu'un texte de Judicaël Lavrador.
On en était resté sur une rupture qui s'était mal passée. On la contemplait depuis une jetée. On en ressassait les tourments dans un petit livre qui égrenait minutieusement le déroulé de la fin de cette histoire amoureuse, qui n'avait plus rien d'une romance, qui tournait court et oscillait entre pardon et rancoeur, amertume et soulagement, enchaînait les promesses de réparer les dégâts et se résignait finalement devant la fatalité. C'était une histoire privée rendue publique avec pudeur. Et c'était autre chose : le constat, le regret d'une autre rupture, celle de l'art contemporain avec l'amour, à laquelle cette fois-ci il était impossible de se résoudre. Mais puisque peu de ruptures sont véritablement réparables, comme il est rarement donné de seconde chance aux amants fâchés, comment faire ? Comment ne pas persister dans l'erreur et recoudre les morceaux entre ces deux ex-amants ? Approprier une forme à chaque être, ou plutôt, puisqu'ils sont si nombreux ces êtres que Gerald Petit a voulu écouter, regarder, admirer, mettre en scène, approprier une forme qui sied à sa rencontre avec celuici, avec celle-ci, avec celle-là, avec des gens traversés par un sentiment, ou encore une passion, ou un accident… Peut-on alors se demander ce sur quoi Gerald Petit n'a cessé de revenir, sans toujours qu'on s'en aperçoive, y compris peut-être lui-même — et ce à cause ou grâce à sa manière de ne pas poser une patte formelle qui lui soit propre mais plutôt toujours de mettre le travail en partage avec des interlocuteurs ?
Judicaël Lavrador
« Bien avant que les images n'apparaissent, Gerald Petit travaille à subjectiver le réel pour préparer les conditions de leur cristallisation. Son outil de représentation privilégié est la rumeur. Dans l'intensité des heures et des jours où il la met en place, où il lui donne vie, réside la charge qu'il place dans ses images. Ce n'est jamais la même histoire – bien sûr. Et donc, jamais les mêmes mécanismes. Il y a des rumeurs publiques, à l'échelle d'une ville ou d'un territoire. Puis leur diffusion dans la réalité sociale par les flux médiatiques qui s'en saisissent. Il y a des rumeurs intimes, qui s'établissent dans la densité d'une relation avec un inconnu s'invitant dans le processus créatif, ou encore avec un modèle, qui se voit emmené dans un embranchement inattendu de sa vie, bien au-delà de la pose pour un portrait. Il y a des rumeurs extimes, qui créent dans le paysage un point de focalisation fictif qui va prendre force de vérité latente, et autour duquel vont pouvoir se retrouver ceux qui voudront bien l'intégrer dans leurs rêves ou leur mémoire (...).
La rumeur, c'est l'ombre d'un nuage. L'énigme de l'identité pourrait rassembler toutes les images produites par Gerald Petit. Quelque chose d'irréductible, propre à l'art, et qui traverse toute son histoire par le biais de mythes sans cesse reformulés : l'ambivalence de la représentation, par son caractère vériste et sa force d'illusion ; le fantasme absolu du dédoublement, de la projection dans un personnage qui n'est pas soi. Tous ses projets explorent cela : qui est la personne représentée ? quelle énigme porte-t-elle ? (...)
C'est ainsi que, dans leur diversité de modalités plastiques et conceptuelles, les régimes de représentation employés par Gerald Petit peuvent être qualifiés d'images rumorales. Il s'agit pour lui de créer une relation avec un individu, une communauté ou un territoire avec lequel il va développer un échange de feedbacks successifs qui vont lui apporter les ingrédients de ses images (...).
Dans le déploiement plastique de ses images rumorales, Gerald Petit a quelque affinité avec Prince et son excentricité, sa façon de croiser les genres. Instruites autant par l'histoire de l'art classique que par la culture musicale et visuelle contemporaine au sens élargi, ses images rumorales sont fondamentalement transgenres. Elles hybrident les régimes de représentation, associent design graphique et cinéma hollywoodien, peinture à l'huile et pop culture pour construire des images cristallisant la densité d'une relation, d'un instant de vie. »
Pascal Beausse

Né en 1973, Gerald Petit vit et travaille entre Dijon et Paris. Ses expositions personnelles incluent « L'entremise » à la Fondation Ricard à Paris (2013), « A conversation piece » à la MLIS à Villeurbanne (2011) et « Sexy Dancer » à La Salle de Bains à Lyon (2007), entre autres. Il a participé aux expositions « This&There » organisée par Claude Closky à la Fondation Ricard à Paris (2012), « Street Painting, la Peinture à la rue » pendant la Biennale de Belleville à Paris (2010), « 7 ans de réflexion » au Musée Nicéphore Niépce à Châlon-sur-Saône (2008), « Code Unknown » au Palais de Tokyo à Paris (2004) et « Snow Black » chez Yvon Lambert à New York (2005).
Textes de Judicaël Lavrador, Laurent Montaron, Gerald Petit.

Publié par la galerie Triple V, Paris.
 
paru en octobre 2013
édition bilingue (français / anglais)
23,5 x 29,5 cm (broché, sous jaquette)
168 pages (ill. coul.)
 
25.00 15.00
(offre spéciale)
 
ISBN : 978-2-95402-452-3
EAN : 9782954024523
 
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