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La monographie la plus importante à ce jour sur le travail de Stéphane Blanquet : conçu par l'artiste, l'ouvrage, particulièrement luxueux avec ses pages en papier métallisé, présente des œuvres récentes créées pour son exposition à l'Abbaye d'Auberive, mais également une rétrospective de ses travaux plus anciens. Dessins, terres cuites, tapisseries, lithographies, photographies… Cette publication nous entraîne au cœur de son univers érotico-cauchemardesque.
Comment parler d'un artiste qui vous dépasse à chaque mot et coup de crayon qu'il réalise ? Pas simple.
On se rappelle toujours la première fois, dit-on ! Le concernant, cela ne fait aucun doute. Il y a quelques années, la Maison rouge d'Antoine de Galbert avait laissé ses murs à un salon de multiples.
Parmi toutes les bonnes choses présentes, mon œil fut immédiatement attiré par une tapisserie qui se trouvait au fond de la salle principale. Comme aimanté, je fonçai alors sur cette œuvre. Je ressentis que ce travail était exceptionnel : couleurs uniques, sujet irréel, support jamais vu et technologiquement novateur.
Je lançai alors un tonitruant « qui a fait ça ? ». Un exposant sympathique me désigna alors un personnage qui était à quelques pas. Tout droit sorti des films de science-fiction. L'œuvre l'était, son géniteur aussi ! S'engagea une discussion avec Stéphane. Quatre décennies de parcours de collectionneur pourraient vous laisser penser que vous connaissez tout, mais l'exploration artistique est infinie et la leçon de modestie permanente.
Stéphane a des nuits agitées. Ses cauchemars comme ses plus beaux délires érotiques peuplent ses moments d'inconscience nocturne. Les uns comme les autres sont oubliés bien vite pour nous tous, mais lui l'extra-planétaire, les dessine au petit matin, quand sa conscience est revenue. Il stocke ainsi les images fantastiques de ses hallucinations.
Que nous raconte Blanquet dans ses multiples dessins, installations et autres ? Il me fait l'effet, quand j'essaie de le comprendre, d'un miroir qu'on utiliserait non pas pour regarder son visage mais pour regarder l'intérieur de notre cerveau : son travail, c'est un miroir d'intérieur.
Son univers artistique est issu des cultures underground des décennies passées : hard rock, tatouage, rap, punk… Il exprime le ressenti de millions de femmes et d'hommes hors du circuit capitaliste et politique normé. Ces artistes sont peu montrés dans les galeries et musées officiels bien que leurs musiques envahissent nos ondes et réseaux. Ils expriment dans un mélange non calculé à la fois des visions intimes et des faits de société médiatiquement très diffusés.
Stéphane Blanquet l'extra-planétaire et ses apôtres regardent avec humour et délectation les comportements étriqués de leurs contemporains en rappelant que la vraie vie se trouve sur leur planète à eux.
Jean-Claude Volot
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à l'Abbaye d'Auberive du 10 juin au 30 septembre 2018.
Né en 1973, Stéphane Blanquet vit et travaille en région parisienne. Dessinateur, plasticien, metteur en scène, réalisateur, il a derrière lui un long parcours dans le milieu de l'édition et de l'illustration, où il se fait tout d'abord connaître par ses graphzines Chacal Puant (1990) et La Monstrueuse (primé à Angoulême en 1996). Considéré comme l'un des fers de lance de la nouvelle bande dessinée, son univers tourmenté ne laisse personne indifférent et déborde largement du cadre de ses livres édités chez Cornélius, Alain Beaulet, L'Association, Gallimard, Albin Michel ou sa propre maison d'édition United Dead Artists. En 2001, il publie l'un de ses albums les plus marquants, La nouvelle aux pis, roman graphique tout en ombres chinoises, salué par la critique. Dans la même veine mais encore plus sombre, suivra en 2007, La Vénéneuse aux deux éperons. En 2003, il troque le papier pour la peau avec Sur l'épiderme, un ouvrage singulier de peintures sur corps photographiées. Après avoir collaboré en 2006 avec le metteur en scène Jean Lambert-Wild sur la pièce de théâtre Sade Songs (adaptation musicale du Marquis de Sade, dont il a pensé les décors et les costumes), il occupe à partir de 2007 le poste de « directeur oculaire » du Centre Dramatique National de Normandie / Comédie de Caen. Le « Labyrinthique intestin » produit en 2006 pour les Rencontres du 9e Art d'Aix-en-Provence permet à Stéphane Blanquet de déployer son tentaculaire imaginaire au sein d'un vaste dispositif scénographique. Cette exposition sera suivie en 2007 par « Blanquet s'ouvre la panse », présentée à Paris par Arts Factory. En 2009, Blanquet construit un train fantôme au sein du Musée d'Art Contemporain de Lyon, à l'occasion de l'exposition collective « Quintet ». À la suite de l'importante rétrospective que lui a consacré en 2012 le Wharf – Centre d'Art Contemporain de Basse Normandie, il conçoit « A distorted forest », une installation pour le Musée d'Art Contemporain de Singapour, prélude au one man show « Les rêves engloutis », programmé dans ce même musée en 2013 grâce au soutien de la galerie Fuman Art avec laquelle Stéphane Blanquet développe de nombreux projets à l'international.