Une chronique des transformations récentes des
écoles d'art, depuis le point de vue d'une enseignante et à l'intention de ses pair·es et des étudiant·es, à un moment où ces espaces sont à la fois menacés par des gestions de politiques publiques toujours plus fragiles et incertaines, et en même temps plus que jamais des espaces où la parole s'ouvre, où les pratiques changent et où l'art se trouve en prise directe avec les mouvements les plus avant-gardistes de la société. C'est dans cette intersection que se situe ce livre, expérimental et qui parle d'expériences.
Dans La Part affective, Sophie Orlando chronique les transformations récentes du métier et de la vie d'enseignante. Son texte raconte les porosités qui se révèlent aujourd'hui dans les écoles d'art entre savoirs légitimes et savoirs minorisés. Il rassemble des voix d'artistes, des monologues intérieurs, des notes de cours, des contributions d'étudiant·es pour expliciter la fabrique des liens pédagogiques aujourd'hui, la manière dont ils reposent avant tout sur la circulation des affects. L'articulation de l'intime et du politique rend dès lors possible l'écriture d'un récit renouvelé de l'art.
Chercheuse en histoire de l'art, Sophie Orlando est l'une des rares spécialistes françaises du British Black Art. Quand elle commence à enseigner à l'École nationale supérieure d'art de la Villa Arson à Nice, il y a dix ans, l'histoire des pratiques artistiques et théoriques luttant contre les discriminations et pour la reconnaissance des subjectivités plurielles est encore très marginale dans l'enseignement de l'art en France. Mais ces dernières années, les mouvements #Metoo, Black Lives Matter, les pensées décoloniales et écoféministes, ainsi que les confinements successifs provoqués par la pandémie du Covid-19 vont bouleverser les manières de penser, d'étudier et d'enseigner au sein des écoles d'art.
« A travers le récit subjectivé de Sophie Orlando, La Part affective raconte ce qui s'invente collectivement dans les écoles d'art françaises depuis plus d'une décennie, alors qu'une nouvelle génération d'historien·ne·s de l'art s'y voit confier un enseignement non plus tourné vers la culture générale mais vers la recherche avec l'art. Y sont exposées les années d'effervescence émancipatrices, mais aussi de lutte, au cours desquelles des savoirs théoriques ont assumé leur refus de prolonger toute vision téléologique des arts, progressiste, universaliste et univoque. L'histoire de l'art féministe et intersectionnelle que Sophie Orlando met ici en scène s'affirme, au contraire, comme la co-construction d'un récit commun multisitué, considérant des différentiels de mémoire, des omissions, des invisibilisations et des implicites en lien avec des considérations de classe, de sexe, de genre ou avec des expériences migratoires. [...] La Part affective ne constitue en rien une table rase. Elle offre un contre-imaginaire à l'histoire de l'art en l'inscrivant dans un lignage théorique trop souvent oublié. »
Sandra Delacourt, Critique d'art
Cet ouvrage s'inscrit dans une collection de livres de poche créée par Paraguay qui allie le sensible et l'analyse artistique, l'écriture poétique et l'essai, en brouillant les frontières académiques entre ces différents genres littéraires. Avec cette collection, des critiques, théoricien.nes, artistes, écrivain.es enquêtent sur le monde contemporain, et en rendent compte dans des écritures engagées et expérimentales, pour adresser à un large public la question de l'expérience des œuvres d'art comme forme de contribution à un débat intellectuel et politique.
Sophie Orlando est autrice, historienne de l'art et chercheure, professeure en histoire et théories de l'art à l'École Nationale Supérieure,
Villa Arson, Nice. Elle tente de comprendre la fabrique des savoirs artistiques et les processus de leur dénormalisation. Elle a publié de nombreux articles sur les politiques identitaires, les
Black studies et l'art contemporain en
Grande-Bretagne (
Revue de l'art,
Muséologie) et en particulier sur le
British Black Art (
Critical Interventions,
Critique d'art). Elle a conduit la monographie de l'artiste Sonia Boyce,
Thoughtful Disobedience (Les presses du réel / Villa Arson). Elle a également co-édité un numéro des
Cahiers du Mnam intitulé « Globalisées, mondialisées, contemporaines. Pratiques, productions et écritures de l'art aujourd'hui, 2013 ». En tant que chercheure du programme AHRC « Black Artists and Modernism » (2015-2018, UAL, Middlesex University, Londres), elle co-dirige avec l'artiste susan pui san lok et le commissaire Nick Aikens le colloque, puis l'ouvrage numérique
Conceptualism : Intersectional Readings, International Framings (Van Abbemuseum, 2019).
Depuis 2019, elle participe aux approches critiques de l'éducation artistique. Elle dirige une édition numérique et une collection d'ouvrages « La surface démange » à propos des pédagogies critiques, institutionnelles et alternatives en art.